Elk est une cité touristique paisible de 60.000 habitants, au cœur de la région des grands lacs, en Mazurie, dans le nord-est de la Pologne. Samedi 7 janvier, ce qui devait être une démonstration de force du groupuscule d’extrême droite ONR – le Camp national-radical – a tourné court : à peine une cinquantaine de manifestants, censés venir des régions alentour. Beaucoup ont le visage masqué. Le mot d’ordre : « La Pologne libre face au djihad » et une promesse de lutte « jusqu’à la dernière goutte de sang. » La violence des slogans antimusulmans fait froid dans le dos.
Une semaine plus tôt, la nuit de la Saint-Sylvestre, cette ville carte postale est devenue l’épicentre de tensions raciales qui se sont propagées à travers le pays. Un homme de 21 ans a été poignardé à mort par le cuisinier tunisien d’un vendeur de kebabs, sous les yeux du propriétaire du local, algérien. […]
La situation a provoqué d’importantes émeutes durant la nuit du Nouvel An et toute la journée du lendemain. L’établissement a été saccagé par un groupe scandant des slogans racistes. Vingt-huit personnes ont été arrêtées par la police. Dans le courant de la semaine, quatre restaurants à kebab ont été saccagés à travers le pays, certains appartenant à des hindous et à des Kurdes. Des graffitis anti-islam ont été répertoriés, et une campagne de haine a déferlé sur les réseaux sociaux. Un ressortissant pakistanais et un bangladais ont été passés à tabac.
[…] « Ces gens-là ne posaient jusqu’ici aucun problème, indique la gérante d’un local voisin du lieu du drame, qui souhaite rester anonyme. Mais ce sont des gens d’une autre culture. C’est un risque de les accueillir. Vous voyez ce qui se passe, tous ces attentats. Nous sommes en guerre, en guerre de religion. La chrétienté est attaquée. Les gens ont des raisons d’avoir peur ! » (…)
[…]De nombreuses personnes interrogées insistent sur un point : un Polonais n’aurait « jamais fait ça ».« Entre Polonais, ça se serait fini aux mains. Ce n’est pas dans notre culture que de sortir tout de suite les couteaux, affirme Zbigniew, un chauffeur de taxi qui, comme la plupart des Polonais interrogés, souhaite n’être désigné que par son prénom.Le Monde
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