Côté pile, Etienne Petitgand est professeur de musique dans un collège près de Nancy. Côté face, il a créé le Choeur d’enfants du monde et fait chanter les jeunes migrants qu’il rencontre dans les foyers, les hôtels, la rue…
“ On se redresse, on respire de l’intérieur, une respiration tranquille, on pense à quelque chose qui va bien dans la vie même si on a beaucoup de problèmes, on s’étire, on se frotte les mains, on laisse tomber les bras, mes problèmes sont dehors…” Debout derrière son piano électrique, Etienne Petitgand ne quitte pas des yeux les enfants en face de lui : quatre Albanais, une Syrienne et une petite Géorgienne venue accompagnée de sa mère. Tous sont dans des situations difficiles – familles sans-papiers, déboutées du droit d’asile, en attente d’une réponse bien improbable ou déjà expulsables… Un frère et une soeur albanais ont dormi deux mois dans la rue. Si certains parlent déjà bien le français, d’autres commencent juste à l’apprendre. Etienne Petitgand fait les gestes avec eux et ils le suivent avec entrain.
(…) Etienne Petitgand fait notamment partie du Réseau éducation sans frontières (RESF) apparu en 2004 autour de la défense d’élèves sans-papiers. Chaque dernier dimanche du mois, il participe au ” cercle du silence ” place Venceslas – cercles créés en 2007 pour protester contre les placements en rétention. Il est aussi membre de la Ligue des droits de l’homme – il assure la permanence du vendredi.
(…) Le répertoire de la chorale est exclusivement étranger. “Les enfants me font connaître les chants les plus populaires dans leur pays, je cherche alors les partitions. Ils sont fiers de les faire partager et de voir que leur culture a de la valeur aux yeux des autres.”