Dans le 18e arrondissement de Paris, l’annonce du redécoupage de la carte scolaire par la mairie a fait l’effet d’une petite bombe. Depuis, directeurs d’école et parents d’élèves tentent de convaincre des bienfaits du “brassage social”.
(Photo d’illustration de l’article du Monde)
Dans le petit hall de l’école élémentaire Richomme, Nadine Moquet regarde fiévreusement sa montre. 17 h 45. « Encore cinq minutes et on y va», lance-t-elle. Nommée en septembre dernier à la tête de cet établissement de la Goutte-d’Or, dans le 18e arrondissement parisien, la nouvelle directrice ne badine pas avec la ponctualité. Deux mois seulement après son arrivée, elle a mis un terme aux retards qui perturbaient les débuts de classe à coups de mots dans les carnets de correspondance et de récrés amputées.
En ce 1er décembre 2016, elle a rendez-vous à la maternelle Christiani. Elle s’y rend avec un enseignant de CP et une grappe de parents élus. Parmi eux, un ingénieur diplômé de Polytechnique, une directrice de casting, une fonctionnaire du ministère des finances, une universitaire… Autant de familles de milieu plutôt favorisé, pas forcément à l’image de la population du quartier, ni de celle qui scolarise ses enfants à Richomme. Mise à part Saint-Bernard de la Chapelle, la seule école primaire privée de la Goutte-d’Or, tous les établissements scolaires implantés dans ce quartier offrent la même image : celle de ghettos réservés aux familles immigrées.
Pour remédier à cette situation, la mairie du 18e a décidé de redécouper la carte scolaire. «Il est urgent de remettre du lien dans la ville. Nous ne voulons plus d’une juxtaposition de quartiers habités par des Parisiens qui ne se parlent pas», justifie Philippe Darriulat, élu chargé des affaires scolaires […].