Extraits de l’éditorial du Monde sur le discours d’investiture de Donald Trump.
M. Trump n’a parlé qu’une quinzaine de minutes : la brièveté de ses propos témoigne d’un refus opiniâtre de la complexité du monde.
Le voilà désormais président des Etats-Unis, responsable et comptable de ses choix. Pour le meilleur, veut-il croire. Pour le pire, peut-on craindre.
On voulait croire que Donald Trump, candidat iconoclaste, bateleur et provocateur, mènerait une campagne plus mesurée et responsable, une fois la nomination du Parti républicain décrochée en juillet 2016. Il n’en a rien été. On a ensuite imaginé que, président élu, conscient de la charge qu’imposait la période de transition, il abandonnerait les attaques personnelles et les Tweet comminatoires. Il n’en a rien été.
On se prit donc à espérer que, le jour de l’investiture, lorsqu’il aurait prêté serment sur la Bible devant le président de la Cour suprême, suivant le rituel protocolaire qui se déroule tous les quatre ans à Washington, Donald Trump deviendrait enfin président et prononcerait le discours que, sous des formes diverses, ses prédécesseurs ont tous prononcé : du 45e président des Etats-Unis, on attendait un appel au rassemblement, une vision porteuse d’espoir, un message positif susceptible de panser les blessures d’une campagne électorale d’une rare violence. Il n’en a rien été.
Vendredi 20 janvier, le président Trump a livré non pas un discours présidentiel, encore moins un discours d’investiture, mais un nouveau discours de campagne, un discours de colère et de ressentiment, destiné à ses seuls électeurs plutôt qu’à la nation américaine. Un discours typiquement populiste : il s’adresse directement au « peuple », auquel il promet de rendre le pouvoir que l’establishment honni a « volé », plongeant le pays dans la misère. […]
A bien l’écouter, on a pourtant le sentiment que cette page est celle d’une Amérique étriquée, claquemurée derrière ses frontières, décidée à n’en sortir que pour le seul bénéfice des Américains. […]