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(…) A Trappes, l’intégrisme religieux est une question aussi sensible que majeure. En dépit de l’impression que peut laisser une visite rapide de la ville, les marqueurs de radicalisation ont de quoi préoccuper. Ces dernières années, entre 60 et 80 Trappistes sont partis faire le djihad en Syrie. Soit beaucoup plus que dans d’autres villes de même taille et touchées par les mêmes difficultés sociales.

Un rapport confidentiel transmis courant 2016 par le procureur de la République de Versailles au ministre de la Justice ferait état d’une ville en proie à un «communautarisme rampant». Selon ce document, quelque 80 familles préféreraient l’enseignement à domicile à l’école de la République pour leurs enfants.

En juillet 2013, la ville est par ailleurs le théâtre d’une contestation religieuse, après le contrôle policier d’une femme portant un voile intégral. «J’ai vu passer en direction du commissariat un groupe d’une soixantaine de personnes se déplacer aux cris de “Allah Akbar”», se souvient Stéphane Dumouchy, ex-militant PS de Trappes, devenu conseiller municipal LR en 2014. Ce soir-là, 400 personnes jettent des pierres contre les forces de l’ordre et incendient des poubelles et des Abribus. Un événement qu’un acteur associatif local attribue à un «ras-le-bol général sur la situation» sociale et aux rapports difficiles avec la police, plus qu’à une revendication intégriste. Une enquête est alors diligentée par l’IGPN, sans suite.

Dans ce contexte, Benoît Hamon affirme chercher à apaiser les tensions. Quand on tente d’évoquer le sujet avec lui, la réaction est épidermique. Sollicité par Marianne pour livrer sa conception du vivre-ensemble, de la laïcité, et son approche de la menace communautariste à Trappes, le député des Yvelines, exaspéré qu’on ose lui poser
des questions sur ce sujet, a sèchement décliné. Son entourage, en revanche, a apporté des précisions partielles.

(…) Mais Othman Nasrou, le patron de l’opposition LR à Trappes, l’accuse de faire preuve d’une mollesse calculée. «Benoît Hamon se préoccupe peu des questions relatives au radicalisme islamique, comme la situation des familles dont un enfant est parti faire le djihad. Je ne l’ai jamais entendu condamner l’intégrisme dans le département par des paroles claires et sans ambiguïté. Ce qui compte, c’est sa boutique», tonne l’élu auprès de Marianne.
(…)

Pour Othman Nasrou, la gauche trappiste s’emploie à faire de la religion une question politique pour gagner les élections : «Dans cette ville, le PS monte les gens les uns contre les autres, et plus précisément, parfois, les musulmans contre les autres. Benoît Hamon est dans une logique boutiquière. Il traite la communauté musulmane comme une clientèle électorale.» Même au sein de la gauche locale, le positionnement de l’ex-ministre de l’Éducation nationale ne fait pas l’unanimité.

Son suppléant à l’Assemblée nationale, Jean-Philippe Mallé, député de 2012 à 2014, a récemment claqué la porte du PS, en désaccord avec ce discours. Stéphane Dubouchy, militant PS à Trappes pendant près de vingt ans, est lui aussi parti après l’arrivée de Benoît Hamon. «Il ne dit jamais clairement qu’il y a un problème avec la place de la religion à Trappes. Il se complaît dans une certaine désinvolture, aux relents électoralistes», reproche ce postier, transfuge de la liste municipale de LR en 2014, sur laquelle il a été élu.(…)

Marianne

Merci à cernunnos

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