La communauté chinoise, qui fête son nouvel an samedi, s’organise pour combattre le racisme et sortir des clichés après l’agression mortelle de l’un de ses membres l’été dernier.
Rui Wang ne s’y retrouve plus très bien dans son agenda. À l’approche de l’année du Coq, célébrée ce week-end, son association, l’AJCF (Association des jeunes Chinois de France) – qu’il a cofondée en 2009 et dont il assure la présidence tournante depuis deux ans – multiplie projets et interventions militantes. «Lundi, tu assistes au débat qui suit la projection du film M. et Mme Zhang à l’université Cergy-Pontoise, et le 28 tu participes à la conférence d’Asialyst», lui rappelle son amie Élodie, quelques minutes avant la réunion de groupe improvisée samedi dernier dans un local, place de la Nation, à Paris.
Aux côtés de chercheurs à Sciences Po et de collègues militants, le jeune homme aux fines lunettes rondes s’interrogera samedi 28 janvier sur les suites à donner au mouvement de colère de la communauté asiatique, survenu cet été après l’agression mortelle d’un immigré chinois à Aubervilliers. Un grand rassemblement s’était alors organisé en septembre place de la République, pour dire halte à la violence et aux préjugés raciaux envers les Asiatiques.
Le combat que Rui Wang et ses camarades mènent depuis près de huit ans commencerait-il à porter ses fruits ? Le jeune homme veut y croire. Engagé mais pas leader, il insiste sur le fait que l’AJCF est une équipe. Une bande de copains née d’un forum communautaire sur Facebook, qui tentent ensemble d’incarner « la génération qui relève la tête ».
« Celle qui ne fuit pas le conflit, qui ne fait plus de courbettes à son pays d’accueil, comme nos aînés l’ont fait pendant des années. »
Il marque une pause. Cherche la bonne formule. Avant d’ajouter, l’air satisfait : « Notre association est l’outil qu’il nous faut pour changer notre communauté de destins.» […]