Article du Monde sur les programmes élaborés pour améliorer les “compétences psychosociales” des enfants.
Derrière cette nébuleuse, se cache un concept défini par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) en 1993. « Les compétences psychosociales sont la capacité d’une personne à répondre avec efficacité aux exigences et aux épreuves de la vie quotidienne », écrit l’OMS.
Le diagnostic est connu : notre système éducatif est très orienté vers la transmission de savoirs intellectuels. Mais il évolue, notamment avec la loi de 2013 qui fait place au vivre-ensemble et au savoir-être.
Radieux, vingt-quatre enfants et six adultes forment un large cercle. Les premiers ont 9 à 10 ans, l’âge idéal pour entrer dans la ronde. La fin de l’enfance est proche, mais l’heure de la rébellion n’a pas encore sonné. Il faut saisir ce répit – deux, trois ans ? – avant l’irruption de l’adolescence. Nous sommes dans une classe de CM1, à l’école Beausoleil, à La Chapelle-sur-Erdre (Loire-Atlantique), début janvier.
Tous, ils jouent le jeu avec ferveur. Le jeu ? C’est le « Swizz ». Les joueurs font circuler une « boule d’énergie » fictive, qui obéit à leurs ordres et à leurs gestes. « Boule de feu ! », lance une fille, bras tendus à l’horizontal, poignets joints, dans la position du lanceur de Dragon Ball Z (une série tirée d’un manga). Et tous les joueurs de se pencher en arrière pour esquiver le feu. « Swizz ! » : la balle reprend sa ronde sur la droite. « Ya ! » : elle file à gauche. « Olé, colère ! », enrage un blondinet : c’est qu’il a confondu les règles. Il tape des pieds au sol. Cette (fausse) fureur passée, tous les joueurs lancent en chœur : « Olé ! »
« C’est un rituel qui soude le groupe», glisse Cécilia Sallé, chargée de mission à l’Ireps (instance régionale d’éducation et de promotion de la santé) des Pays de la Loire, qui anime cet atelier. Les yeux brillent, les rires fusent. A l’évidence, le jeu séduit. Un jeu ?
Son enjeu est des plus sérieux. Il s’agit d’apprendre aux enfants à – bien – vivre ensemble. Avec leurs semblables, et même avec ceux qui ne leur ressemblent pas. Brûlant défi.
[…] Quels sont les établissements qui bénéficient de ces interventions. «Etre situé dans un quartier prioritaire est un critère, mais ce n’est pas le seul», observe Cécilia. Au rectorat, Jean-Yves Robichon en atteste : «Nous sommes dans une logique de réponse aux demandes des établissements. » Leur motivation est un élément-clé. […]
« Beaucoup de sociologues ou de psychanalystes nous ont reproché de vouloir normaliser les comportements, confirme Béatrice Lamboy. Mais la norme éducative existe déjà ! Le tout est de trouver les normes les plus favorables, celles qui permettent de favoriser l’épanouissement de tous. »