Pour Emmanuel Berretta, journaliste au Point, uel que soit le gagnant de la présidentielle en mai prochain, l’affaire plombe déjà le prochain quinquennat. Avec une crise de régime à venir.
La justice s’est emparée de l’affaire Fillon avec une célérité stupéfiante. François Fillon et ses proches soutiens y voient la main scélérate de François Hollande… Peu importe, si justice doit être faite, il faut qu’elle aille vite dans un sens ou dans l’autre. […]
Trois scénarios sont plausibles. Dans le premier cas, François Fillon résiste à la tempête, la justice traîne. Il avance blessé sous la mitraille nourrie de ses adversaires… Mais, tout de même, il se maintient dans le duo de tête et parvient, à 19 ou 20 %, à se qualifier pour le second tour de la présidentielle face à Marine Le Pen. Il l’emporte le 7 mai. Avec un si faible score au premier tour de la présidentielle, c’est un président affaibli qui s’installera sous les dorures de l’Élysée. […]
Deuxième scénario : François Fillon ne se remet pas de cette tempête judiciaire, Emmanuel Macron lui dame le pion. Il apparaît alors comme le candidat de recours des réformistes de droite et de gauche. Le phénomène Macron se hisse au second tour sans vraiment éclaircir sa ligne politique « de gauche et de droite ». Face à Marine Le Pen, il triomphe. Mais que se passe-t-il aux législatives ? Avec qui peut-il gouverner ? Avec des candidats En marche ! issus de la société civile ? Avec d’anciens députés PS qui se seront collé l’étiquette Macron sur le front ? Avec des centristes qui auront fui – par opportunisme – la débâcle des Républicains ? Bref, c’est une majorité composite qui, éventuellement, se constituera autour d’Emmanuel Macron. […]
Enfin, il y a le scénario du Fraxit : la victoire de Marine Le Pen. Totalement exclue ? Le « plafond de verre » qui limite sa progression peut-il tenir longtemps dans un contexte où les scandales affaibliraient les partis traditionnels ? La crainte de perdre l’euro sera-t-elle suffisante pour retenir les votes ? Voyons le monde autour de nous : Donald Trump, populiste en chef, s’est imposé dans une démocratie comme les États-Unis. Partout, le vent du national-populisme souffle en Europe. Pourquoi la France serait-elle vaccinée à vie d’une rage révolutionnaire (car cela en serait une) ?
Pour l’ensemble de ces raisons, l’affaire Fillon est déjà une catastrophe pour le prochain quinquennat.