Il savait qu’il lui était interdit de rouler sur la voie publique avec son motocross. Surtout dans un contexte où les municipalités sont en lutte contre les rodéos sauvages en milieu urbain. C’est pourquoi Zinédine* a cherché à se soustraire à un contrôle de police ce dimanche après-midi à Massy. Il a volontairement percuté deux policiers dans sa fuite. Et a été condamné ce mardi à six mois de prison avec sursis, ainsi qu’à 140 heures de travail d’intérêt général.
« Je n’ai pas vu les policiers, dans la panique, je ne savais même pas que j’avais renversé quelqu’un », indique-t-il à la barre du tribunal. Pourtant les témoignages et les images de la vidéosurveillance montrent que, face à un véhicule de la brigade anticriminalité, Zinédine a décidé de faire demi-tour en direction de l’allée Emile-Zola.
Il s’est alors dirigé droit sur un autre équipage de police arrêté à un rond-point. À droite, un policier avec une arme a voulu le dissuader de tenter sa chance vers le trottoir. Il lui restait alors l’option de passer près du terre-plein central.
Il a donc braqué son guidon dans cette direction, a accéléré et percuté de plein fouet une policière qui lui demandait de stopper sa course. Un de ses collègues, situé derrière elle, s’est aussi fait rouler sur le pied. Il est parvenu à ceinturer le fuyard et les deux hommes ont chuté ensemble sur la chaussée. Les deux agents se sont vus prescrire sept jours d’interruption totale de travail. « Mais pour la policière, des examens complémentaires sont nécessaires, il y aura peut-être des complications et son arrêt de travail sera prolongé », annonce Me Kayem l’avocate des victimes.
« Je suis désolé, c’est totalement involontaire », insiste à la barre Zinédine, 22 ans, au casier judiciaire vierge jusque-là, titulaire d’une BTS et fiancé à une jeune femme. « Mais j’ai reconnu l’équipe de la Bac, ils n’ont pas bonne réputation, et je ne voulais pas perdre ma moto », s’est-il justifié. Au final, le délibéré du tribunal a ordonné la confiscation de son engin. Le mis en cause devra également verser 1 200€ au policier pour les souffrances endurées au pied entre autres. Quant à la policière, sérieusement touchée au genou et au dos, une nouvelle audience en juin statuera sur les dommages et intérêts.
Stéphane et Émilie* ont été percutés ce dimanche par un jeune à motocross qui cherchait à se soustraire à un contrôle. Ces deux policiers ont assisté au procès de leur agresseur ce mardi. Mais Émilie boitait bas. « Je ne me rends pas compte, mais mes collègues m’ont dit que j’avais volé sur trois mètres quand je me suis pris le motocross de face », détaille-t-elle, encore sous le choc. « Je me souviens encore très bien d’avoir entendu le bruit d’accélération de son moteur au moment où il est arrivé vers moi. Mais après c’est un trou noir. Et quand mes parents ont appris ce qui m’était arrivé, ils étaient livides. Ils ont eu peur pour moi. Mon frère aussi. Il ne veut pas perdre sa sœur. »
Stéphane, qui a été traîné sur quelques mètres et s’est fait rouler sur le pied, embraye : « Je suis en colère contre ces comportements. Les jeunes sont prêts à prendre tous les risques pour nous échapper, et si on ne l’avait pas attrapé, on n’aurait jamais su qui nous avait renversés, soupire-t-il. Ces gens ne voient que l’uniforme et ne pensent pas à l’humain qui est derrière. On a des familles nous aussi. Ma femme a tellement peur pour moi qu’elle ne veut même plus que je lui raconte mes journées. Elle ne veut pas savoir. »
* Les prénoms ont été modifiés