Article de Samia Hathroubi, déléguée Europe de la Foundation for Ethnic Understanding, sur le “racisme structurel” de la société française.
[…] A chaque contrôle musclé, à chaque anecdote d’un proche noir et arabe que j’évoque hors de moi, il y a toujours un ami bien intentionné blanc, vivant du bon côté des lignes géographiques et sociologiques qui se sent obligé de partager, lui aussi, son contrôle de police en voiture. Et, inlassablement, je bous. Intérieurement, je bous de l’autisme blanc qu’évoquait déjà James Baldwin en 1964.Je bous de cette incapacité à comprendre qu’avec un nom et une gueule de métèque il faille mentir, tricher pour avoir une chance d’obtenir un logement. Je bous de cette incapacité à sentir qu’avec un nom et une gueule de métèque croiser un flic peut être synonyme de mort, de viol et d’humiliation.
Je bous de cette incapacité à assumer le racisme structuré, structurel d’une société dans laquelle être Blanc, homme de plus de 50 ans et riche vous prémunit de toute condamnation.
Alors, oui, en ce moment, je bous. Et je sens que je ne suis pas la seule.
Combien d’Adama et de Théo faudra-t-il pour ce pays, mon pays, pour voir en face ce racisme structurel gangrener ses fondements ?
Combien de sursauts de colère nous faudra-t-il pour qu’enfin certains se rendent compte de ce «white privilege» ?
Tant que la racaille à col blanc qui squatte les plus hautes instances de ce pays continuera à se pavaner avec des dizaines de condamnations sur le dos sur les plateaux de télévision alors que des gamins se font violer par des forces de l’ordre gangrenées par les idées frontistes, alors je ne vois pas trop comment penser, espérer ou rêver d’un avenir radieux pour chacun-e d’entre nous.