Au lieu de s’affronter projet contre projet, la plupart des candidats se dérobent ou cherchent leur rôle. La présidente du FN, elle, a 144 propositions et pas de contradicteur. Article de Françoise Fressoz, éditorialiste au Monde.
A ceux qui l’auraient oublié, les Français votent les 23 avril et 7 mai, pour élire leur président de la République. Si l’on s’autorise ce rappel, c’est que 2017 est une année cruciale et qu’on ne dirait pas : à ce jour, tout est fait pour tenir l’électeur le plus loin possible des urnes. Aucun débat de fond, rien qui permette de l’éclairer sur les sujets lourds du moment qui, pourtant, ne manquent pas. La campagne électorale est tout simplement introuvable. […]
A titre de comparaison, c’est au mois de février 2012 que François Hollande, talonné par Jean-Luc Mélenchon, avait dû lâcher sa proposition de taxer à 75 % les revenus dépassant le million d’euros par an pour conserver son avantage sur la gauche. La campagne battait alors son plein. Cinq ans plus tard, nulle surenchère de ce type et pour cause : au lieu de s’affronter projet contre projet, la plupart des acteurs se dérobent ou cherchent encore leur rôle comme s’ils n’étaient sûrs de rien. Le paysage flotte dangereusement. […]
On pourrait tenter de se rassurer en se disant que les choses sérieuses commenceront le 21 mars, lorsque la liste définitive des postulants sera connue, mais c’est oublier qu’une candidate a depuis le début du mois, un projet fin prêt avec 144 propositions précises qu’elle déroule sans trouver le moindre contradicteur. Marine Le Pen a un boulevard devant elle.