En marge de son déplacement à Alger, le candidat à la présidentielle a accordé une interview à la chaîne Echorouk News, diffusée mardi 14 février, dans laquelle il qualifie la colonisation de « crime contre l’humanité ». Le quotidien algérien électronique “Tout sur l’Algérie” revient sur cette déclaration non exempte d’arrière-pensées électorales.
En octobre 2016, dans un entretien accordé à l’hebdomadaire Le Point, il donnait toutefois un tout autre point de vue, beaucoup plus nuancé : «Alors oui… En Algérie il y a eu la torture mais aussi l’émergence d’un État, de richesses, de classes moyennes, c’est la réalité de la colonisation. Il y a eu des éléments de civilisation et des éléments de barbarie». […]
Au-delà de l’agitation des politiques, chaque camp cherche en réalité à capter des voix. La France compte plus d’un million de binationaux sur son territoire. À ceux-là, il faut ajouter le panel -très varié – de Français qui entretiennent des liens avec le pays : rapatriés, Harkis, leurs descendants ou simplement tous ceux qui revendiquent une ascendance pied-noir. Soit plusieurs millions de personnes.
Hier soir, Emmanuel Macron a souhaité mettre un terme à la polémique. Sur son compte Twitter, il dit vouloir «réconcilier nos mémoires». Toutefois, le candidat sait qu’il doit à tout prix élargir son socle électoral.
En considérant la colonisation comme un crime contre l’humanité, il capte potentiellement un électorat issu de l’immigration. Dans le même temps, ses propos sont une occasion rêvée pour la droite et le FN : avec une telle déclaration, Macron a sans doute perdu toutes ses chances d’avoir l’adhésion des rapatriés d’Algérie ou de leurs descendants.