Pour Sylvain Courage, journaliste au Nouvel Obs, les cinq principaux prétendants à l’Elysée représentent chacun une tendance du catholicisme à la française. Mais que signifie ce retour de la fibre évangélique ?
Les politologues, ces pauvres hères, se frottent les yeux, se rongent les sangs et s’arrachent les cheveux : de quoi cette présidentielle sans queue ni tête est-elle le nom ? Pourquoi tous les repères s’effacent-ils ? Qui l’emportera ? Et où nous mènera cette campagne chaotique ? Ces incurables rationalistes ont beau relire leurs traités et recalculer les intentions de vote, ils ne voient rien venir…
Et pourtant la réponse est sous nos yeux. Il suffit de sonder l’âme des principaux candidats pour comprendre, sans l’ombre d’un doute, que la main invisible de l’Histoire – ou bien la Providence ? – font de 2017 une élection catholique, apostolique et romaine. N’ayez aucune crainte, mes frères et sœurs, la campagne manifeste un retour aux racines chrétiennes de la fille aînée de l’Eglise. Alléluia !
[…]Vous levez les yeux au ciel ? Jugez plutôt. Nous avons là, François Fillon, “gaulliste et catholique” adepte des retraites chez les bénédictins de l’abbaye de Solesmes, Marine Le Pen, “pratiquante de parvis” qui assiste à la messe “à Noël, à Pâques et pour les mariages, les baptêmes, les enterrements”, Emmanuel Macron qui mène une campagne mystique et vient de confier à “l’Obs” s’être converti au catholicisme à l’âge de 12 ans, Benoît Hamon, breton baptisé et formé par les bons pères maristes… Et même Jean-Luc Mélenchon, l’ancien franc-maçon qui confie à “Famille chrétienne” : “Je suis de culture catholique, je connais la maison”.
Ne manque plus que le très dévot François Bayrou ! […]
Reste à expliquer ce retour aux sources chrétiennes de la politique. Un réflexe identitaire ? Dans l’opinion que les candidats cherchent à séduire, l’angoisse suscitée par la vitalité de l’islam et la réaction aux attentats djihadistes alimentent un regain de fierté catholique. Le triomphe de François Fillon à la primaire de la droite et la victoire de Benoît Hamon face aux athées de son camp l’ont illustré. […]