(…) Cadeau tombé du ciel pour la fachosphère, la polémique permet à celle-ci d’attaquer ses cibles préférées (médias bobos, politiques jugés «islamo-gauchistes», etc.). La couverture d’un récent numéro des Inrocks montrant le duo au côté de Christiane Taubira, qu’ils interviewaient pour l’hebdomadaire, a permis au site d’extrême droite Fdesouche de s’attaquer à l’ancienne garde des Sceaux via un procès en complicité pour le moins osé. Christiane Taubira a réagi lundi sur Facebook : «[“Les Inrocks”] savent que rien ni dans mes propos, ni dans mon attitude, ni dans mes écrits, et ma vie est déjà longue, n’offre le plus mince interstice pour supposer l’ombre d’une complaisance sur de telles abjections.» Bien que sévère, son texte ne vire pour autant ni à la simple prise de distance ni à la rapide condamnation sans appel.
(…) Au-delà du cas Taubira, les tentatives d’amalgames entre Meklat et la classe politique de gauche ont parfois pris une tournure absurde. Derrière les cris d’orfraie de certains pointe une provocation : «La fachosphère qui devient la principale force antiraciste en France… Dans six mois, on mange du quinoa», ironisait dimanche sur Twitter Pierre Sautarel, principal animateur du site Fdesouche. A travers ses messages, on devine chez Sautarel le plaisir de traquer les dérapages de ses détracteurs, en particulier les plus prompts à critiquer ceux de son camp, façon arroseur arrosé. Et de ce point de vue, la tendance de Meklat à faire fréquemment le procès en islamophobie de journalistes, experts, artistes, militants, humoristes et autres usagers de Twitter relève du pain bénit. La méthode est bien rodée, et Fdesouche était d’ailleurs le premier à le rappeler dimanche : «Heureusement que le centenaire de Verdun est passé… ils auraient été capables de confier la scénographie à Mehdi Meklat.» Sautarel fait ici référence à l’un des précédents faits d’armes de ses fidèles sur la Toile, soit l’annulation du concert prévu à Verdun du rappeur Black M en mai. La méthode avait été assez similaire : exhumer six ans après sa sortie un propos litigieux, et faire monter la sauce à coups de tweets indignés et de menaces.
(…) Libération