Depuis un an, dans le Gard, des familles de réfugiés débutent une nouvelle vie, parfois grâce à la mobilisation de citoyens qui s’engagent à les accompagner dans leur quotidien.
Onze heures ce matin-là, il est temps de partir. Monique est venue chercher Sahar, une maman syrienne vivant à Calvisson depuis le mois de septembre. Sahar, chevelure brune et yeux pétillants, la quarantaine, prononce quelques mots en français. Avec Monique, pas besoin de long discours. Les deux femmes se comprennent bien maintenant, une réelle complicité les rapproche. “Elle me dit que je suis sa grande sœur“, sourit Monique, une discrète et dynamique retraitée.
Ici, au mas de Jalot, Sahar est arrivée avec Mahmoud et Majd, ses deux grands garçons, en septembre dernier. Presque un an après que Monique, avec des amis, décide de mettre cet appartement qu’elle louait jusqu’à présent à disposition d’une famille réfugiée. “Il faut remplir tout un tas de papiers, faire de nombreuses démarches administratives. Il a fallu rester mobilisés pendant un an car au départ, on ne voyait personne arriver“, commente la retraitée, aidée par sept personnes d’une petite communauté protestante et une dizaine d’autres citoyens.
“Et puis, Sahar est arrivée. Du jour au lendemain, on a rempli l’appartement car ils arrivent avec rien. Il fallait un appartement prêt à vivre, penser à tous les détails : un sèche-cheveux, des brosses à dents, dentifrice…” En quelques jours, un élan de solidarité citoyen surgit, une affaire de bouche à oreille, des amis d’amis qui rejoignent le mouvement pour entourer l’arrivée des Syriens et les aider à mieux appréhender leur nouvel environnement.
“On a décidé de leur ouvrir d’entrée un compte bancaire, relate Monique. Chaque membre du collectif verse une somme.” La maman reçoit ainsi 700 € par mois pour financer les charges de l’appartement, les courses, les frais de fournitures… Cette solidarité, six mois plus tard, plutôt que de diminuer, s’est amplifiée. Aujourd’hui, près de 35 personnes interviennent auprès de Sahar et des deux adolescents. Tous les matins, à tour de rôle, des habitants viennent chercher Mahmoud et Majd, scolarisés au collège de Jules-Verne, à 6 h 30. “On les dépose à l’arrêt de bus qui les emmène à Nîmes“, explique Nello Chauvetière.
“Il y a des personnes qui se chargent du suivi scolaire des garçons, d’autres qui apprennent le français à Sahar. L’idée de collectif est indispensable dans ce genre d’aventure : il faut une équipe multifonctionnelle” “Et il y a des choses réjouissantes et ultra-chouette, qu’on n’avait pas prévues, confie Monique. L’autre jour, une employée du supermarché a offert une coupe chez la coiffeuse à Sahar.” […]
Merci à Pythéas