Alors que le Royaume-Uni a décidé de sortir de l’Europe, le constructeur aéronautique Boeing va ouvrir au Royaume-Uni le premier site européen de son histoire centenaire. L’avionneur américain va investir 23,6 millions d’euros dans la réalisation d’une usine à Sheffield, dans le nord de l’Angleterre, destinée à la fabrication de composants pour les ailes des 737, 737 Max et 777.
Contrairement à Airbus, qui s’est déjà implanté en Chine ou aux Etats-Unis, la stratégie de Boeing était jusqu’à présent de fabriquer l’intégralité de ces pièces aux Etats-Unis avant de les exporter. Avec l’usine de Sheffield, l’avionneur compte réduire ses coûts de logistique mais aussi profiter des compétences du centre de recherche en production industrielle de l’université locale, créée il y a seize ans en partenariat avec Boeing. Sa décision tranche avec les propos du président Donald Trump, qui entend faire revenir les productions des entreprises américaines sur le territoire américain.
Un gage aux partisans du Brexit
Alors que Boeing emploie déjà près de 2 000 salariés au Royaume-Uni pour ses activités commerciales ou de maintenance, cette usine qui ne va employer qu’une trentaine de personnes. Elle est politiquement symbolique. Il y a quelques mois, Airbus avait fait savoir que le Brexit était un «résultat perdant-perdant pour l’Europe et la Grande Bretagne.» Dans un premier temps, le patron d’Airbus Tom Enders avait prévenu que le groupe européen allait revoir sa stratégie d’investissement en Grande Bretagne. Il avait ensuite modéré ses propos en affirmant que les sites d’Airbus au Royaume-Uni, qui emploient 15 000 personnes, figuraient «parmi les plus efficaces et compétitifs du groupe.»
La décision de Boeing va probablement servir les intérêts des partisans du Brexit au Royaume-Uni, en montrant que les investisseurs étrangers n’hésitent pas à investir dans le pays. D’autant que d’autres entreprises leur ont récemment donné des gages.
En fin de semaine, Carlos Tavares, patron de PSA, a calmé les inquiétudes des Britanniques en projetant le rachat d’Opel et Vauxhall. Il a affirmé que la stratégie du groupe automobile français était d’augmenter la production locale, plutôt que de fermer les deux usines qui emploient 4 600 personnes dans le pays.