Communiqué de presse
Le Collectif des Usagers du service public de l’audiovisuel (C.U.S.P.A.) saisit le CSA
Il peut paraître étrange que des animateurs de la télévision appellent au meurtre. Il est encore plus étrange qu’ils le fassent sur les chaines du service public. Il est toujours plus étrange qu’ils le fassent deux fois dans la même journée au sujet de la même personne, appelant au meurtre de Donald Trump.
C’est pourtant ce qui est arrivé sur France 2 le samedi 25 février. Le matin dans l’émission « Thé ou café » avec Florence Foresti et le soir dans « On n’est pas couché » avec Laurent Ruquier et sans que la présidente de France Télévisions s’en inquiète.
Le syndicat FO de France Télévisions s’en est indigné dans un communiqué du 28 février.
Le Collectif des Usagers porte l’affaire devant le CSA par l’intermédiaire de son avocat conseil Maître Goldnadel.
Claude Chollet
Président du Collectif
contact@collectif-uspa.fr
Le Syndicat FO France Télévisions a également exprimé sa colère et son intention de porter plainte auprès du CSA. Voici son communiqué :
Trump : des appels au meurtre répétés sur France 2
Question pour un champion… de la gâchette :
« Sur quelle chaîne française du service public a-t-on assisté – le même jour – à des appels au meurtre répétés visant un chef d’État démocratiquement élu ? »
Réponse :
« Sur France 2, le samedi 24 février, et dans deux émissions différentes. À croire que les animateurs s’étaient donné le mot. À moins que cela ne témoigne de la nouvelle ligne éditoriale de France Télévisions… celle qui préconise la réduction du quota d’hommes blancs de plus de 50 ans.
Premier dérapage, dès le matin, au pied du lit, dans l’émission « Thé ou café ». La journaliste Catherine Ceylac interview l’humoriste Florence Foresti :
– Avez-vous déjà souhaité la mort de quelqu’un ?
– Oh, sincèrement je ne crois pas… Ah si, Trump ! Mais je pense qu’il va se faire descendre. J’ai décidé qu’il allait se faire descendre…
Sourires convenus. Fin de la séquence.
Deuxième dérapage, le soir même lors de l’émission « phare » de la chaîne « On N’est Pas Couché ». Cette fois, c’est le responsable emblématique de l’émission, Laurent Ruquier, qui délivre lui-même le message au sujet du président américain :
« C’est quand même le seul Donald dont on aimerait qu’il soit abattu pour cause de grippe aviaire », lance Ruquier, hilare, sous les applaudissements (à peine truqués) du public, avant d’ajouter : « Notez bien que s’il continue comme ça, la CIA ne devrait pas tarder à lui organiser une petite balade à Dallas », en référence à la ville où a été assassiné Kennedy…
Humour décalé ? « Esprit Charlie » ? Non. Et l’on ne saurait se contenter ou s’abriter derrière de vaines formules.
Ces authentiques appels aux meurtres sont inacceptables, indignes et en parfaite contradiction avec les obligations et l’éthique du service public de l’audiovisuel. Ils sont d’autant plus inacceptables que l’antenne de France 2 est « une ». Le téléspectateur peut considérer que c’est là la ligne éditoriale des journalistes de la chaîne.
Alors que la France est douloureusement frappée par le terrorisme, cette banalisation de l’assassinat politique est irresponsable. Force Ouvrière France Télévisons ne peut pas accepter que soit légitimée à l’antenne la suppression physique d’une personnalité ou de n’importe quel individu en raison de ses opinions. Même sous prétexte de l’humour et pourtant nous en avons beaucoup !
Entendons-nous bien, il ne s’agit pas là de défendre ou d’approuver d’aucune manière la politique de Monsieur Trump, mais juste de respecter le droit humain le plus fondamental : la vie.
A-t-on d’ailleurs déjà assisté à de tels dérapages concernant Barack Obama, François Hollande, Theresa May, Angela Merkel…Manifestement, le cas de Donald Trump échappe à la règle commune. La personne du nouveau président américain semble autoriser tous les excès et France Télévisions est loin d’être classée dernière dans cette curée médiatique.
Force Ouvrière s’interroge sur le silence de la présidence de France Télévisions qui s’est abstenue de toute réaction ou rappel à l’ordre pour condamner ces propos.
Ce manque de vigilance nous parait d’autant plus choquant que récemment la direction de France Télévisions n’a pas hésité à sanctionner des salariés dont le seul tort était d’avoir réagi sur Twitter à des propos de… Laurent Ruquier tenus à l’antenne.
Cette sourcilleuse sévérité pour les uns, alliée à une invraisemblable complaisance pour les autres n’est-elle pas le signe d’un « deux poids, deux mesures » pratiqué à France Télévisions, témoignant d’une idéologie ambigüe en parfaite contradiction avec le principe de neutralité du service public ?
Le syndicat Force Ouvrière serait très intéressé de connaitre la position du Conseil Supérieur de l’Audiovisuel qu’il envisage d’alerter au sujet des deux incidents de ce week-end.
En attendant, FO entend bien demander à la direction de France Télévisions lors du prochain comité de déontologie quelle est sa position sur cette affaire.