Embauché pour une mission auprès d’une start-up américaine, Celestine Omin a été retenu et mis à l’épreuve par la douane américaine qui ne voulait pas croire qu’il était vraiment développeur informatique.
À son arrivée sur le sol américain, à l’aéroport JFK de New York, le 26 mars 2017, Celestine Omin ne s’attendait pas vraiment à un tel comité d’accueil. Quelque minutes seulement après l’atterrissage de son avion en provenance du Nigeria, il a été retenu par le service des douanes et de la protection des frontières des États-Unis. Celestine Omin, un développeur nigérian, bénéficiait alors d’un visa de courte durée pour une mission auprès de First Access, une start-up de technologie financière installée à New York.
Mais les douaniers n’ont pas vraiment voulu croire, comme ce dernier l’affirmait, qu’il était bel et bien un développeur informatique, qui plus est invité aux États-Unis par Andela, une start-up internationale qui met en relation les talents du continent africain dans le domaine de la technologie avec des entreprises américaines et dont le programme d’échange de compétence a été soutenu par le couple Mark Zuckerberg, fondateur de Facebook, et Priscilla Chan, philantrope et pédiatre américaine.
Pour s’assurer que Celestine Omin, 28 ans, ne mentait pas, les douaniers ont pris la décision de lui faire passer des tests. Un bon moyen, pensaient-ils, de l’interroger sur la véritable nature de son séjour aux États-Unis, écrit le magazine Recode qui republie une partie de l’enquête réalisée par une journaliste de LinkedIn. Après un premier court interrogatoire, un autre agent a fait son entrée dans la salle où le développeur était retenu, une heure plus tard.
Des questions piochées sur Google
«Votre visa indique que vous êtes développeur. C’est bien ça?», a demandé l’agent à Celestine Omin sur un ton qu’il a décrit à Recode comme accusatoire. Celestine Omin a confirmé et s’est vu présenter un bout de papier et un stylo et demander de répondre à deux questions relativement techniques sur l’équilibre d’un arbre binaire de recherche (ABR) et sur le rôle et la fonction d’une classe abstraite.
Face à ces questions techniques et complexes, Celestine Omin s’est trouvé désemparé, ajoute Recode. Non pas parce qu’il ne connaissait pas les réponses, mais plutôt parce que les questions n’avaient aucun sens.
«Pour Omin, qui n’avait pas dormi depuis plus de vingt-quatre heures, les questions étaient opaques et pouvaient avoir de multiples réponses. En tant que développeur qualifié riche de plus de sept ans d’expérience, Omin m’a confié que les questions lui donnaient l’impression d’avoir affaire à quelqu’un sans aucune connaissance technique qui aurait cherché sur Google: “Questions à poser à un développeur”.»
Après quelques minutes, il a finalement cédé, toujours sans savoir pourquoi il été retenu. Il a répondu aux questions en une dizaine de minutes, mais les agents lui ont signalé que les réponses étaient fausses. Probablement parce qu’il n’a pas livré, mot pour mot, la définition type que l’on trouve sur Wikipedia, estime-t-il.
Après quelques heures, Celestine Omin s’est mentalement fait à l’idée de retourner au Nigeria sans avoir pu effectuer la mission pour laquelle il avait obtenu un visa, avant qu’un agent ne le rattrape. Avec très peu d’explications –il a appris que le service des douanes américain était entré en contact avec Andela et la start-up First Access pour confirmer sa version–, il lui a finalement signalé qu’il était libre d’entrer sur le sol américain.
«Il m’a dit: “Écoute, je vais te laisser partir, mais tu ne m’as pas convaincu.” Je n’ai pas répondu, et je suis juste parti.»