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L’Église, le pape et l’immigration. Trio explosif ! Face aux migrants et réfugiés qui parviennent en nombre sur le continent européen, des catholiques français s’interrogent. Fidèle à ses prédécesseurs, le pape François nous appelle dans son style direct et audacieux à être à la hauteur de cette mutation. En vertu de notre sens de Dieu, de l’homme et de l’Histoire. Débat entre journaliste, Laurent Dandrieu responsable des pages culture de Valeurs actuelles, et Mgr Barbarin, archevêque de Lyon.

Pour certains catholiques, cette invitation est dure à comprendre. C’est tout l’intérêt de l’essai de Laurent Dandrieu (Église et immigration. Le Grand malaise, Presses de la Renaissance) que de leur faire écho. Selon lui, l’Église en général et les derniers papes en particulier n’ont pas réellement pris la mesure du phénomène de l’immigration en Europe. Il estime que l’accueil dû à un migrant, (« J’étais un étranger et vous m’avez accueilli ») n’est plus possible avec des millions d’individus. Le problème a changé de nature en changeant d’échelle. Il s’interroge aussi sur l’identité culturelle des migrants et sur une approche de l’islam qu’il juge trop irénique chez beaucoup de prélats.

Quand on parle d’immigration, faut-il opposer identité et catholicité ?

Cardinal Philippe Barbarin : Il ne faut pas jouer l’enracinement contre la catholicité. Il me semble au contraire que plus on est enraciné dans sa culture, et plus on a une chance d’être ouvert au monde entier ! Je suis 100 % français avec une maman née au Maroc et originaire du Lot et un papa parisien natif du Berry. Je peux vous réciter des passages de Ronsard, La Fontaine, Bossuet ou Paul Valéry par cœur. Plus les racines sont profondes, plus l’identité peut s’élargir avec le temps, comme par cercles concentriques. […]

Laurent Dandrieu : Que l’identité nationale doive être ouverte, c’est évident. Des apports étrangers, nous en avons tous dans notre entourage. La vraie question est de savoir si ces apports n’atteignent pas une masse critique qui rompe les équilibres qui définissent notre identité ; si ce flot qui amène en Europe des millions d’immigrés qui arrivent avec une culture radicalement étrangère à la nôtre ne nous menace pas dans notre être même.

On voit bien qu’en France, avec le communautarisme musulman, les zones de non droit, les banlieues où retentissent régulièrement les cris d’« Allah Akbar » et où sont brandis en toute occasion les drapeaux algériens ou marocains, l’identité nationale est sous pression, voire carrément expulsée de certaines zones. Les Français sont choqués d’entendre l’Église répéter comme un mantra qu’on pourra résoudre la crise des migrants par l’intégration, alors qu’ils voient bien que, même pour les générations précédentes, cette intégration est en panne, voire est devenue une « désintégration ».
[…] L’ordre politique et l’ordre prophétique entrent forcément en conflit concernant l’immigration ?

L. D. Il ne s’agit pas de dénier au pape le droit à une parole politique : mais cette parole est injuste quand elle ne prend en compte que l’intérêt à court terme des migrants. La stabilité des nations européennes est la condition sine qua non de l’aide que nous pouvons leur apporter. Et la charité doit tenir compte de la prudence, du bien commun, et ne doit pas sacrifier le plus proche au plus lointain. Or, les souffrances des Européens sont sorties du champ de vision de l’Église : l’obsession de l’accueil des migrants a tout dévoré.

P. B. Il ne faut pas oublier que le pape est argentin. Le contexte est très différent car, en Argentine, l’intégration n’empêche pas le maintien de la culture d’origine. Ce n’est pas comme chez nous, où les nationalités d’origine se fondent dans l’identité française. Nous avons des Sarkozy et des Valls, récemment arrivés de Hongrie ou de Catalogne, qui apparaissent comme 100 % français. Leur nationalité d’origine semble effacée. En Argentine, tous sont argentins, certes, mais les familles restent d’origine italienne (Bergoglio), slovène (le Père Pedro), polonaise, allemande. Le pape parle de faciliter l’intégration des immigrés, mais l’expression n’a pas le même sens partout. […]

Famille chrétienne

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