Le génome des populations autochtones est convoité pour décrire l’histoire de l’humanité. Mais les généticiens ont trop rarement associé les peuples concernés, qui revendiquent le respect de leur identité.
Le 18 février, les cinq tribus amérindiennes Colville, Nez-Percé, Umatilla, Yakama et Wanapum ont inhumé selon leurs rites sacrés, dans un lieu tenu secret, celui qu’elles dénomment « l’Ancien ». Elles le considèrent depuis sa découverte, en 1996, comme l’un des leurs. Les scientifiques, eux, avaient baptisé « homme de Kennewick » ce squelette vieux de 8 500 ans, du nom de la ville de l’Etat de Washington à proximité de laquelle il avait été découvert, presque intact, par deux adolescents.
Ces deux dénominations sont révélatrices de l’antagonisme culturel qui, durant plus de vingt ans, a alimenté la bataille opposant les scientifiques aux cinq tribus amérindiennes réclamant la restitution de « l’Ancien ». Son ADN a finalement prouvé qu’ils étaient bien ses plus proches descendants actuels.
« A ma connaissance, c’est la première fois qu’un peuple autochtone bénéficie directement d’une étude génomique. La plupart d’entre elles présentaient jusqu’alors un intérêt pour les scientifiques, mais pas pour les Amérindiens. En deux années, l’analyse de leur ADN leur a permis d’obtenir ce qu’ils réclamaient depuis deux décennies. Cela leur montre que quelque chose de bon peut sortir de la génétique », s’enthousiasme le généticien Eske Willersev, de l’université de Copenhague, dont l’équipe a produit les résultats ayant permis de trancher.
(…) Le Monde