Le journaliste Serge Moati, qui donnait une conférence à l’Institut français de Tel Aviv jeudi soir pour présenter son livre “Les Juifs de France, pourquoi partir”, a pu mesurer combien la question du destin de ses coreligionnaires agite au plus haut point la communauté française installée en Israël.
Dans son dernier ouvrage, Serge Moati dresse un portrait de ces milliers de Juifs venus récemment s’installer en Israël, suite aux violents actes antisémites qui ont touché la France ces dernières années (Ilan Halimi, tuerie de Toulouse, tuerie de l’Hypercacher). Ces-derniers racontent, parfois de façon très crue, les raisons qui les ont poussés à partir.
Le journaliste part alors en Israël recueillir le témoignage de ces Juifs, venus seuls ou en famille, ouvrir un nouveau chapitre de leur vie. Le constat est sans appel et très sévère : les Juifs du livre de Moati sont “une minorité angoissée” qui sent qu’elle ne “pesait plus rien en France” et dont le récit évoque “un sentiment de catastrophe”.
Les témoignages sont très crues et sans équivoque. Une grande majorité des personnes rencontrées reconnaissent que la “menace” que représente l’immigration arabe est la principale cause qui a motivé leur départ.
Pour lui, qui se définit à la fois comme juif, laïque, républicain et patriote, la confrontation avec ces Juifs religieux et nationalistes est troublante.
“Ces gens-là sont mes frères et mes sœurs, et pourtant ils m’ont fait remarquer qu’on n’a pas la même vie, que je ne vais pas à la synagogue, que je ne fréquente pas la communauté, que je n’habite pas, comme eux, dans des quartiers difficiles”, raconte-t-il devant le public qui interagit, de façon à la fois outrageuse et amicale.