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Depuis l’attentat déjoué à Paris, les autorités un peu partout en Europe ont changé leur manière de considérer les femmes. Longtemps, ces dernières bénéficiaient d’une sorte de biais de genre. On les jugeait moins dangereuses que les hommes, souvent contraintes par leur mari à embrasser la cause, ou au minimum manipulées. En un mot: innocentes. Pour des faits similaires, beaucoup de femmes radicalisées en France, en Belgique ou en Allemagne ont ainsi échappé à la judiciarisation, voire à toute surveillance.

Peu après l’attentat manqué du 4 septembre, le procureur de la République François Molins admettait benoîtement: «Si des femmes ont pu d’abord sembler être confinées à des tâches familiales et domestiques par l’organisation Daech, force est de constater que cette vision est aujourd’hui largement dépassée.» Selon lui, Daech entend faire des femme des combattantes.

Les derniers chiffres européens sur la question montrent d’ailleurs une évolution alarmante en 2016, selon une source ayant accès à ces données. Aujourd’hui en effet, le nombre de femmes tentant de rejoindre la Syrie pour des motivations jihadistes a sensiblement augmenté – surtout chez les très jeunes. Celui des hommes, lui, diminue.

En Syrie aussi, les femmes jouent un rôle de plus en plus important. En 2013, elles ne représentaient qu’environ 10% des effectifs d’occidentaux. Aujourd’hui, ce chiffre a plus que triplé. Près de 40% des citoyens français dans les rangs de l’État islamique sont des femmes. Elles seraient environ 275. Les autorités néerlandaises donnent la même proportion pour leurs ressortissantes. «Elles partent parce qu’elles l’ont décidé: personne ne se rend aujourd’hui en Syrie contre son gré», souligne la sociologue suisse Géraldine Casutt, qui prépare une thèse sur les femmes occidentales et le jihad.

Étonnamment, la plupart des femmes djihadistes occidentales voient leur nouvelle vie en Syrie comme une occasion d’émancipation. De nombreuses jeunes filles du nord de l’Europe d’origine somalienne ont ainsi rejoint l’EI pour fuir la pression de leur communauté, par exemple pour échapper à un mariage arrangé, explique le chercheur américain Dallin Van Leuven: «Peu importe les contraintes en Syrie, peu importe l’obligation de porter le niqab, elles voyaient dans leur projet de départ une chance de contrôler leur propre vie.» […]

L’idée d’un retour en Europe de ces femmes fait froid dans le dos. Et en même temps, une question morale vertigineuse se pose aux autorités antiterroristes. Presque toutes ces femmes sont devenues mère. C’était leur rôle attribué par l’EI et la plupart ont donné naissance à ces enfants en Syrie ou en Irak. Presque tous ont moins de quatre ans. Des petits Belges, Français, Allemands ou Britanniques, qui aujourd’hui n’ont aucune existence légale dans le pays d’origine de leur mère, mais qu’il faudra forcément reconnaître un jour: le droit du sang est inaliénable. Selon les estimations, il y aurait un millier d’enfants d’européennes dans les territoires contrôlés par l’Etat islamique.

Le Matin

Merci à Lilib

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