Article de Ludovic Grangeon, expert conseil en assistance aux entreprises et services publics, sur l’état de la France.
Certains s’étonnent de la dégradation du respect de la fonction : insultes, tomates, enfarinage, fumier, pneus brulés deviennent fréquents jusqu’au sommet de l’Etat, mais pourquoi ? Quelle est la crédibilité d’un Préfet, d’un député, d’un ministre, ou même d’un président, face à un jeune couple d’agriculteurs abandonné et isolé, face à un jeune des banlieues surdiplomé et sans boulot depuis trois ans ?
Nous allons tout droit vers une longue période d’émeutes urbaines et rurales d’une population traitée comme des sous-êtres, qui n’en peut plus de cet abandon et se trouve prête à tout dans son désespoir. Ces masses représentent un sixième de la population et sont réparties sur la moitié de notre territoire. C’est le probable retour des Jacqueries, qui ont déjà commencé avec les émeutes des banlieues, les véhicules incendiés mais aussi les bonnets rouges, les traditionnels fumiers, les feux de pneus sur les autoroutes, ou les ZAD. Et ce n’est que le début, vu l’extrême aggravation récente en deux ans. […]
L’envoi épisodique de forces de l’ordre n’aboutit désormais qu’à l’épuisement de ces forces et même à leur rébellion, car elles ne sont même plus en état d’accomplir leurs missions et elles ne font que coller des rustines en permanence sur un système qui n’en peut plus. Le corps enseignant est dans le même état que les forces de l’ordre avec cette formule des « territoires perdus de la république » pour parler de la grande difficulté de préserver également le territoire culturel. Sous pressions politiques, les signalements sociaux pour mauvais traitements, inceste, barbarie, sont de plus en plus étouffés parce que les élus ne veulent « pas d’histoires ».