A Saint-Ouen, en Seine-Saint-Denis, un gymnase municipal a dû cesser ses activités, réquisitionné par des vendeurs de cannabis. Les habitants se sentent totalement abandonnés.
L’affichette sur la porte est laconique : «Pour des raisons de sécurité le complexe sportif est fermé jusqu’à nouvel ordre». Dans ce quartier, voisin du marché aux Puces et à deux pas de Paris, l’affaire ne fait guère de mystère : c’est bien le trafic de drogue qui est en cause.
La situation est inédite, même dans cette commune aux prises avec un trafic endémique de cannabis. Jamais encore un point de deal, aussi important soit-il, n’avait entraîné la fermeture d’un équipement public. Mais les deux gardiens, confrontés à la présence des dealeurs, ont décidé de faire valoir leur droit de retrait, s’estimant en danger. «La vente commençait à s’installer à l’intérieur du gymnase», croit savoir une mère d’élève. «Les gardiens ont subi des menaces», assure un locataire de la cité Dolet, un grand immeuble pyramidal situé juste en face. En ce mercredi matin, le quartier, situé en lisière d’une des huit zones de sécurité prioritaire (ZSP) de la ville, offre pourtant un visage paisible, avec ses pavillons de banlieue, ses jardinets. Mais « ça change dès l’après-midi !», lancent deux promeneurs désabusés.
Depuis la fermeture du gymnase, la situation ne s’est guère améliorée : «Nous réalisons que les lieux sont maintenant laissés complètement aux trafiquants, qui prennent pleinement possession du parvis et continuent leur activité illégale en toute impunité», écrivent des riverains, dans une lettre adressée au maire (UDI) William Delannoy.
L’élu était injoignable mercredi, mais dans son entourage, on confirme avoir connaissance de la situation. Il semble que des patrouilles ont récemment été renforcées dans le secteur. Insuffisant, aux yeux des habitants : «On a l’impression que la ville est livrée aux trafiquants. Et que nous, nous sommes abandonnés», confie Asmaa, mère de deux enfants qui fréquentent l’équipement sportif.