Marianne Thyssen, commissaire à l’emploi, estime dans un entretien au « Parisien » qu’imposer l’usage du français sur les chantiers publics est contraire à la législation européenne.
« Sur le plan juridique, je pense que cette clause est une discrimination contraire à législation européenne », dit Mme Thyssen. « Ce n’est pas par un repli sur soi que l’on peut régler les problèmes de l’emploi. Ce type de protectionnisme n’est pas l’intérêt » de la France, ajoute-t-elle.
Concernant la menace de plusieurs candidats à l’élection présidentielle de ne plus appliquer la directive européenne sur les travailleurs détachés en France, la commissaire à l’emploi répond que « ce n’est pas une bonne idée». «Supprimer la directive, ce n’est pas supprimer le détachement des travailleurs, cela veut dire qu’il n’y a plus de règles. Les employeurs seraient alors libres de faire ce qu’ils veulent. Le marché sans règle, c’est le dumping social», explique-t-elle.
Mme Thyssen assure que «la France n’a pas le droit de suspendre cette directive» car « c’est une loi européenne qui découle du principe de libre circulation», puis rappelle que «compte tenu des abus» il a été «décidé en mars 2016 de réviser cette directive pour mieux protéger les travailleurs détachés». «Si le Parlement européen aboutit à un accord, un texte pourrait être voté avant l’été», avance-t-elle.
La « clause Molière », introduite notamment en Ile-de-France, dans les Hauts-de-France et en Auvergne-Rhône-Alpes, trois régions dirigées par la droite, est censée lutter contre la directive européenne des travailleurs détachés et est présentée comme une riposte au travail détaché. […]