Alors que François Fillon, embourbé dans les affaires, est distancé par le duo Le Pen/Macron dans les sondages, ils sont de plus en plus nombreux chez Les Républicains à imaginer le “21 avril de droite”. Et à rivaliser de prédictions apocalyptiques…
Les grandes leçons de morale n’y feront rien : « Dire que c’est l’extrême droite, le mal absolu, les gens s’en foutent complètement maintenant. »
« C’est sordide… » Attablé dans un restaurant parisien, ce député Les Républicains consulte fébrilement son iPhone. Il parcourt un sondage Ifop/Atlantico paru lundi sur la crédibilité des candidats à l’élection présidentielle dans différents domaines. Sur le terrorisme, l’immigration, la sécurité ou la lutte contre l’extrémisme religieux, Marine Le Pen a une très large avance sur tous ses concurrents. Emmanuel Macron est numéro un lorsqu’il s’agit de chômage et de pouvoir d’achat. François Fillon, lui, ne s’impose sur aucune des thématiques… Conclusion lapidaire de notre élu : « On va se faire niquer !»
Loin des micros, les cadres LR se plaisent presque à rivaliser de prédictions apocalyptiques. «Si on perd la présidentielle après ce naufrage moral, on aura la défaite, le déshonneur, puis l’hallali», assène un député. « Les Républicains vont exploser», abonde l’un de ses collègues, incapable d’évaluer les conséquences précises : « Un feu d’artifice, on voit quand il explose, mais on ne sait pas où retombent les morceaux. »
« Dans tous les cas, on va entrer dans une période de grande incertitude sur le fonctionnement de la vie politique», analyse le député Thierry Solère, organisateur de la primaire de la droite. Un seul pronostic fait plutôt consensus : la digue tiendra face au FN… chez les élus. En cas de second tour Emmanuel Macron/Marine Le Pen, « Sarkozy et Juppé seront à la télé dès 20h30 pour appeler à voter contre Le Pen», assure un ténor. « Il y aura toujours le couillon de service dans le Vaucluse, le Var ou le Pas-de-Calais pour rejoindre le FN mais sinon, personne n’osera franchir le pas , se rassure un député expérimenté, qui craint beaucoup plus le comportement du « noyau dur des militants radicalisés par la campagne de Fillon ».
C’est tout le problème : si le barrage anti-FN semble tenir chez les dirigeants de la droite, la tentation frontiste est réelle parmi la base. « Quand, dans un parti politique, pas un élu ne dit qu’il votera Le Pen mais que 40% des électeurs le feront, il y a un problème », se lamente un député. […]