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Dans sa chronique, Benoît Hopquin, directeur adjoint de la rédaction du « Monde », s’interroge sur les intentions réelles de cette soi-disant majorité silencieuse.


Un doute, un terrible doute : Marine Le Pen ne peut être si bas dans les sondages… Les instituts, en leur sapience et leurs échantillons représentatifs, le soutiennent pourtant, tous unanimement et mordicus. Un quart des électeurs français lui accorderaient leur suffrage. Tantôt un léger quart, tantôt un gros quart, selon arrivages d’IFOP et consorts. Ne serait-ce pas plutôt un quart qui serait un tiers, à la manière de la recette du mandarin citron de Raimu dans Marius. Non ! Un quart, solide, inexpugnable, mais un quart seulement. C’est trop, et trop peu. On veut dire que c’est trop pour le citoyen, mais trop peu pour l’observateur.
Affres de perplexité, poison du soupçon. Comment y croire vraiment de ce qui se voit à la télévision, plus sûrement encore, de ce qui s’entend dans la rue et aux tables familiales, de ce qui se braille à tue-tête au bar et, à la tienne, Etienne, sur les réseaux sociaux ? Un quart, un quart de rien du tout ? Est-ce possible ? Il y a cette actualité qui fredonne, refrains anxiogènes après couplets déprimants, une vilaine chanson. Il y a ce qui transparaît des doctes études d’opinion, montrant une majorité de Français paumés par la société comme elle va, ou ne va pas. Difficile de ne pas voir cette crise économique et morale qui ronge le pays en son âme. De ne pas comprendre la colère que génère cette campagne, avec ses affaires taillées sur mesure comme costards pour le discours des démagogues.

(…) Le Monde

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