Les promesses non tenues ont résigné les électeurs des “quartiers populaires”, pour qui l’épouvantail du FN ne fonctionne plus.
« Nous opposer le pire pour que l’on se déplace aux urnes ne marche plus. Le FN a déjà gagné. Leurs idées sont déjà là. » (Youssouf)
«C’est la première fois que je ne voterai pas. Je ne vois aucune différence entre Macron, Fillon, Mélenchon, Hamon et Marine Le Pen. Qu’importe, on est déjà dans le pire.» (Massy Badji )
Cinq ans après avoir massivement accordé leur vote à François Hollande, les électeurs des quartiers populaires ne lui pardonnent pas « sa trahison ». En renonçant aux deux promesses qu’il leur avait faites – lutter contre le délit de faciès lors des contrôles d’identité et accorder le droit de vote aux étrangers aux élections locales –, l’actuel président de la République a créé une véritable désillusion. Au point que beaucoup ne voient plus Marine Le Pen comme l’ultime danger.
Violences policières, discriminations, chômage… « Que peut-il arriver de pire que ce que nous vivons aujourd’hui ? Pire que d’avoir été trahis par un camp que pensions être notre ami ? », s’interroge Modibo Tounkara, 30 ans, qui réside à Torcy (Seine-et-Marne), en citant également la déchéance de nationalité. «Au moins, Marine Le Pen dit ce qu’elle pense. » Un avis que partage Massy Badji, 34 ans, cofondateur de l’association Epsylon, à Châtillon (Hauts-de-Seine), qui avait voté Hollande en 2012 : «C’est la première fois que je ne voterai pas. Je ne vois aucune différence entre Macron, Fillon, Mélenchon, Hamon et Marine Le Pen. Qu’importe, on est déjà dans le pire. » […]
Kizo Boyamé, proche de la quarantaine, à Grigny, lui, est convaincu que les skinheads attendent leur heure pour reprendre leurs ratonnades des années 1980. Alors il fera barrage à la candidate d’extrême droite. « Car son élection revendrait à leur donner le feu vert», explique-t-il. […]