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Selon l’auteur de l’enquête “La Chine à Paris”, Richard Beraha, la communauté chinoise est mieux traitée dans les pays anglo-saxons.

Maître d’œuvre de l’ouvrage La Chine à Paris (Robert Laffont), une enquête sur la plus grande communauté chinoise d’Europe, Richard Beraha réagit aux manifestations qui se sont tenues devant le commissariat du 19e arrondissement de Paris après la mort d’un Chinois, tué dimanche par un policier.

Le Point.fr : Les Chinois sont-ils moins bien traités en France que dans les autres pays où vit leur diaspora ?

Richard Behara : Dans les pays anglo-saxons, les Chinois disposent de représentants dans l’élite. En France, c’est beaucoup plus difficile. En 2010, il y avait 300 000 Chinois dans l’Hexagone, peut-être 400 000 aujourd’hui. C’est donc une population assez récente dans notre pays. Ils sont arrivés à partir des années 80. Cette première génération a vécu pendant longtemps dans la discrétion, voire la clandestinité. Ils ont été la cible de voyous, souvent mineurs. Mais par peur de la police, ils ont préféré taire leur souffrance. En 2007, j’ai réalisé une étude qui montrait que 90 % des Chinois en France avaient été victimes d’au moins une agression par an. Les forces de l’ordre ont laissé faire. À partir des années 2000, la nouvelle génération a poussé ses aînés à réagir. Après la manifestation de 2010 à Belleville, il y a eu une prise de conscience de la Mairie de Paris. La situation s’est améliorée dans la capitale, mais les problèmes se sont reportés sur Aubervilliers.

Les mouvements antiracistes se mobilisent peu. D’où vient leur gêne ?

Même au sein de certaines associations antiracistes, les préjugés à l’égard des Chinois subsistent. Parce qu’ils font des affaires, ils sont encore perçus comme des capitalistes, des nantis, des dominants, qui ne méritent donc pas d’être défendus. On les jalouse et on les suspecte. À l’extrême gauche aussi, il y a des racistes.

Comment sont-ils perçus par la police ?

À l’image du pays, une portion de la police est gagnée par l’idéologie du rejet de l’étranger. C’est le plus préoccupant à mes yeux. Mais à la différence des années 80-90, les Chinois de France peuvent compter sur le soutien de la République populaire de Chine, qui a pris beaucoup de poids politiquement et économiquement.

Le Point

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