Place de la République et place de la Bastille, à Paris, des centaines de manifestants se sont réunis jeudi soir après le décès dimanche de Shaoyo Liu, un père de famille chinois tué dimanche à son domicile par le tir d’un policier. Brandissant des affiches “Police colonialiste” et “Wake up French Asians! You are still oppressed in this country” (Réveillez-vous Asiatiques de France, vous êtes encore opprimés dans ce pays), près de 300 manifestants ont dénoncé une bavure policière et demandent justice.
Parmi eux, Laurie, 15 ans, française d’origine chinoise, qui a manifesté pour la deuxième fois cette semaine afin de faire part du ras-le-bol de la communauté chinoise face au racisme ordinaire. “Même dans mon école je suis menacée, il y a du racisme, assure-t-elle. La semaine dernière, des élèves plus jeunes que moi m’ont insultée et ont dit qu’ils voulaient me taper. Ça va trop loin. Tout ça parce que je suis asiatique… Depuis toute petite je vis ça au quotidien et c’est dur. C’est pour ça que je suis là aujourd’hui, pour dire qu’on n’en peut plus, qu’on aimerait que ça change”.
Au cœur de la manifestation, il y avait aussi Alex, 36 ans, français d’origine chinoise. “Ce n’est plus la même chose que du temps de mes parents, qui ne parlaient pas français, où on se faisait taper dessus et personne ne disait rien. Aujourd’hui, les jeunes ont grandi ici, parlent très bien français et ils veulent être un minimum respectés comme tout autre citoyen français. Mais, au bout d’un moment, c’est plus ‘vendeur’ quand il y a du feu, des affrontements. S’il n’y a rien, les gens ne se sentent pas concernés et se disent ‘Ce sont des Chinois donc ça ne me concerne pas’.”