Dans ce bâtiment en forme de U, voué à la destruction, Nadia et Anissa décrivent une cohabitation difficile avec des jeunes qui se livrent au trafic de cannabis.
“Ma mère, ce n’est pas quelqu’un qui se tait. Du coup, quand elle leur a dit de partir, un jeune l’a giflée. Elle a porté plainte. Du coup, ensuite, ça a été des insultes, des mauvais regards quand ils revenaient de leurs séjours en prison…” Bref, un quotidien pesant. “À cela s’est ajoutée la saleté dans les cages d’escaliers. Et le manque de mixité. Petit à petit, il n’y a plus eu que des cas sociaux, des gens qui ne travaillaient pas qui vivaient là-bas. Rien à voir avec l’ambiance qui régnait durant mon enfance”, estime Nadia, une quadragénaire.
Ce qu’a vécu la famille de Nadia est devenu le quotidien d’Anissa. “Ils ont bloqué la minuterie électrique dans la cage d’escalier où nous ne sommes plus que deux locataires pour pouvoir avoir de la lumière en permanence et faire leur trafic“.
Les représailles n’ont pas tardé : “Après avoir déposé une main courante, mes pneus ont été crevés“. Alors Anissa s’est résignée à se calfeutrer chez elle, à la nuit tombée et à arrêter toute vie sociale : “Je ne pouvais recevoir personne”. À cela s’est ajoutée la terreur venue des menaces et des armes : “Un jour, il y a eu des pistolets dans les boîtes aux lettres. En décembre, il y a eu une fusillade entre deux bandes rivales. Et récemment, j’ai été agressée, ils me sont tombés à 15 jeunes dessus et m’ont dit « on va te brûler ». Ils ne m’ont pas frappée mais ils ont voulu me terroriser et ils ont réussi”.
“Par peur, je suis retournée vivre chez mes parents, de l’autre côté du département. C’est malheureux, je paie 310 € de loyer pour mon appartement de 42 m², une taxe d’habitation, et je ne peux pas en profiter“, déplore-t-elle. Chez 13 Habitat, notre interlocuteur semble sincèrement désolé par ce que vit Anissa.[…]
Merci à Lilib