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[…] Dans les pays impérialistes comme la France, la montée de l’islam se situe dans un contexte de crise du mouvement ouvrier, qui s’est révélé incapable d’intégrer les revendications des populations non blanches à son combat. De ce point de vue, la responsabilité du PS et du PCF au pouvoir dans les années 1980 est écrasante, avec le vote de lois anti-immigrés, la destruction de foyers de travailleurs étrangers, les campagnes xénophobes du gouvernement et le sabotage de l’auto-organisation des non blanc-hes. C’est ainsi que la Marche pour l’égalité de 1983, acte fondateur des luttes de l’immigration et des quartiers populaires, est récupérée et dénaturée par SOS Racisme, officine du PS bombardée représentante de « potes » passifs-ves qu’il faudrait défendre. Alors que, pour la première fois, des jeunes issu·e·s de l’immigration postcoloniale résistent et se politisent contre le sort que leur réserve l’État français, un antiracisme moral et institutionnel est mis en place pour leur denier toute autonomie politique, tout agenda propre (stratégie reprise 20 ans plus tard avec Ni Putes Ni Soumises). L’extrême-gauche n’a hélas largement pas compris ce mouvement et une partie a accompagné l’affirmation de l’islamophobie, souvent au nom de la laïcité dévoyée de la bourgeoisie française et de ses relais intellectuels et médiatiques (comme pour l’exclusion de lycéennes voilées). Aujourd’hui encore LO rejoint volontiers la croisade dominante et islamophobe contre le « communautarisme » et parle de « piège de la lutte contre ‘‘l’islamophobie’’ ».

7) L’islam est aussi, de fait, la religion des prolétaires les plus opprimé·e·s, issus de la colonisation française et du pillage des pays dominés, victimes de la surexploitation, du racisme et de discriminations de toutes sortes. C’est pourquoi le sens de la revendication de la religion musulmane ne saurait être confondu avec les courants réactionnaires se revendiquant de l’islam (qui connaissent aujourd’hui un certain développement). En tant que religion d’opprimé·e·s, l’islam en France s’explique aussi comme un retournement de l’ostracisme en revendication culturelle, comme une forme de résistance à l’oppression par l’affichage et la fierté d’appartenir à la religion et à la culture musulmanes. Ainsi l’extension du port du foulard musulman depuis les années 1980 ne s’explique pas seulement par la crise de la conscience de classe, mais aussi par la volonté de résister à l’oppression et au racisme.

8) Les femmes voilées ont toute leur place dans les organisations ouvrières et féministes, à commencer par le NPA. Certain·e·s veulent absolument y voir de l’aliénation, sans voir d’autres aspects non aliénants, y compris de la rébellion. Et d’autre part, tout·e militant véhicule, à des degrés divers, des contradictions liées à la société (racisme, sexisme, homophobie, consumérisme, individualisme, etc). Il est impossible et il n’est pas souhaitable de décréter qu’un groupe de camarade est plus ou moins aliéné·e. La meilleure manière de faire progresser l’auto-émancipation est de militer ensemble au sein d’un parti révolutionnaire inclusif. Aucune restriction ne peut être apportée à l’inclusion de ces militantes, ni le qu’en-dira-t-on des médias bourgeois, qui sont nos ennemis, ni les préjugés d’une partie de l’opinion populaire elle-même ou de notre électorat, car nous ne sommes pas démagogues. Nous nous opposons fermement à ceux (des hommes le plus souvent) qui veulent imposer aux femmes de se voiler ou de se dévoiler.

9) Nous sommes en première ligne pour lutter contre l’islamophobie d’État et l’instrumentalisation du féminisme. Même s’il a dû accepter des conquêtes démocratiques et ouvrières imposées par les luttes, l’État reste l’institution centrale du maintien de l’ordre bourgeois. Ses fonctions centrales sont celles de la répression (armée, police, justice). Nous ne devons en aucun cas accepter que l’État opprime encore plus les opprimé·e·s, et encore moins le lui demander. En l’occurrence, les lois contre le foulard à l’école et contre le port de la burqa ont servi à s’appuyer sur les divisions dans la classe ouvrière pour qu’une partie fasse bloc avec ses exploiteurs (opération facilitée par la perméabilité d’une partie du mouvement ouvrier à l’islamophobie d’État). Une femme voilée subit une oppression patriarcale dans le cas où elle est contrainte, mais elle subit une oppression patriarcale et raciste à chaque fois qu’un policier la force à se dévoiler. Nous condamnons ceux et celles qui cautionnent cette politique au nom d’un pseudo-féminisme paternaliste.

10) Des actions et des campagnes communes de nature démocratique ou anti-impérialiste, sont possibles avec des organisations se revendiquant de l’islam à condition de maintenir une indépendance de classe, et donc de ne faire aucun accord programmatique et stratégique avec des forces bourgeoises se revendiquant de l’islam. On ne peut à cet égard que condamner la politique du SWP qui a fait une alliance électorale avec des partis bourgeois musulmans. Mais on peut participer à une même lutte, malgré des motivations différentes, surtout si cela entraîne une mobilisation des masses. Ainsi, nous pouvons lutter de concert avec des associations religieuses contre la politique xénophobe du gouvernement (par exemple pour soutenir les migrant·e·s, les sans-papiers, les Roms, etc.) sans pour autant mêler notre drapeau au leur et abandonner nos critiques, voire dans certains cas notre combat politique contre ces forces. De même, en Palestine, des marxistes peuvent se retrouver à lutter contre le colonialisme israélien côte à côte avec le Hezbollah ou le Hamas, sans que cela signifie le moindre accord politique avec ces forces bourgeoises et réactionnaires.

Tendance CLAIRE du NPA

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