Le leader du MoDem, François Bayrou, qui a renoncé à l’élection présidentielle pour rallier Emmanuel Macron, s’est confié au journaliste Samuel Pruvot sur sa pratique religieuse, son rapport à la laïcité et l’islam qu’il qualifie de “religion totalisante”.
“2017. Les candidats à confesse”, de Samuel Pruvot, éditions du Rocher.
Vous refusez de mélanger le spirituel et le temporel ?
Je suis un laïque. Quand j’assiste à une messe en tant que personnalité officielle, je ne communie pas et je ne m’agenouille pas. […]
Mais la nouvelle place de l’islam en France qui n’intègre pas cette distinction entre spirituel et temporel rebat complètement les cartes ?
C’est pourquoi il faut défendre la laïcité ! C’est notre choix de société. À chaque fois que des polémiques sont survenues, j’ai répondu à ceux qui s’émouvaient que je défendais avec acharnement ce principe de laïcité parce que nous en aurions besoin pour le futur. Je savais ce que je disais.
Les guerres de religion sont-elles encore devant nous ?
Le serpent est endormi, il n’est pas mort ! Il y a des poisons mortels dans notre société. Il y a des gens qui ne veulent pas vivre ensemble et qui réclament la mort des autres. Pour moi, il n’existe qu’une seule voie comme disait déjà Henri IV celle de la tolérance. Je suis une fois pour toutes du côté de celui qui a signé l’Édit de Nantes.
La laïcité est-elle devenue une arme contre l’islam ?
On instrumentalise souvent la laïcité. En réalité, il y a une peur de l’islam comme religion totalisante. C’est vrai que l’islam, depuis son origine, est une religion totalisante. C’est une religion qui ne fait pas la différence entre la loi religieuse et la loi civile. Mais l’immense majorité des musulmans de France fait parfaitement la différence !
Je suis à l’origine de la circulaire sur le voile islamique à l’école. Beaucoup d’hommes politiques se réfugient dans la contrainte et ils se trompent. Si nous voulons inspirer le respect de notre civilisation, cela se fera par l’entraînement.