Une victoire de Marine Le Pen à l’élection présidentielle, le 7 mai, risque-t-elle d’entraîner un dévoiement des considérables outils de surveillance dont disposent les services de renseignements ? Les garde-fous institutionnels sont-ils suffisants, les responsables des services s’y opposeraient-ils ?
[…] Le sujet occupe pourtant les discussions, dans les couloirs des palais nationaux. Le 22 mars, en marge d’un colloque sur le contrôle du renseignement organisé par la délégation parlementaire au renseignement (DPR) et la Commission nationale de contrôle des techniques de renseignement (CNCTR), les commentaires invitaient plutôt à ne pas s’inquiéter outre mesure.
«On voit bien comment cela évolue aux Etats-Unis avec Donald Trump, il y a une phase d’apprentissage de l’exercice de l’Etat», expliquait un responsable de service, sous couvert d’anonymat. «Si Marine Le Pen tentait de brutaliser les institutions, tant qu’on n’a pas de fonction de porte-voix, il faudra défendre l’Etat de l’intérieur», assumait un autre. «Il ne faut pas jouer à se faire peur en faisant de la politique fiction, le Conseil constitutionnel et le Conseil d’Etat sont les gardiens du droit», rassurait un troisième. […]
Sans même préjuger de ce qu’elle ferait des outils de renseignement, Mme Le Pen bénéficierait par ailleurs de pouvoirs administratifs sans cesse plus étendus. En réponse aux attentats, un grand nombre de mesures privatives de libertés et intrusives, dont les interdictions de sortie de territoire, les perquisitions, les assignations à résidence et même les interceptions de communications ont été inscrites dans la loi depuis 2015 en prenant acte de la disparition, dans le même temps, d’un des principes fondamentaux de l’Etat de droit, le respect du contradictoire. […]