(Màj: article intégral)
CHRONIQUE – Le dernier livre d’Hervé Le Bras est une ode aux migrations qui prouve paradoxalement que «l’invasion» n’est pas un fantasme de peuples apeurés mais une réalité statistique.
«Le grand remplacement» n’est ni un fantasme ni un complot ; c’est le secret le mieux gardé de la mondialisation ; son principe, son moteur, son âme. Ce n’est pas Renaud Camus, l’auteur de cette formule aussi brillante que sulfureuse, qui l’affirme ; ni un militant «identitaire», ni même un de ces intellectuels «réactionnaires» voués aux gémonies par la bien-pensance. C’est l’un des plus célèbres démographes français, l’un des piliers des pages idées de la presse de gauche, le compère d’Emmanuel Todd, le contempteur du Front national et des «fantasmes d’invasion»: Hervé Le Bras. Bien sûr, notre auteur continue de pourfendre cette notion de «grand remplacement», mais le paradoxe est qu’il en démontre l’implacable réalité mieux que quiconque. Il rejette le mot pour mieux en faire accepter la chose. Jamais il n’a été aussi clair, aussi limpide. Comme s’il tombait le masque. Comme s’il pouvait décrire la réalité sans fard car il était trop tard pour l’arrêter.
Que nous dit son dernier opuscule? Que la mondialisation, d’abord déménagement d’usines dans les pays pauvres, est désormais déménagement d’hommes dans les pays riches. Que ce ne sont pas les plus pauvres qui émigrent, mais les moins pauvres des pays pauvres. Que les stratégies d’aide au développement sont donc un leurre comme les réfugiés climatiques. Que «la croissance de la population française dépend des migrations… Sans l’entrée d’étrangers, le solde migratoire de la France deviendrait négatif et la croissance démographique cesserait rapidement…»
Que les politiques devraient s’intéresser autant à l’immigration qu’à l’émigration. Que «200.000 départs par an représentent presque le quart d’une génération». Que les immigrés d’aujourd’hui n’ont rien à voir avec ceux d’hier, car «les migrations à longue distance qui viennent du monde entier ont remplacé les déplacements de proximité».
(…)
Les uns remplaceront les autres, mais le grand remplacement n’existe pas. Le Bras est le Pangloss des migrations. Tout est bien dans le meilleur des mondes. Le grand remplacement est un grand déménagement du monde et Hervé Le Bras est son agent immobilier.
Merci à valdorf