Yves Bordenave, journaliste au Monde, s’étonne et s’amuse de l’inquiétude provoquée par la progression de Jean-Luc Mélenchon dans les sondages.
On croyait ces temps révolus. Rangés au musée des frayeurs anciennes. Classés au rayon des horreurs de l’histoire. Relégués dans les coins de mémoire qui se referment peu à peu. Las. En cette campagne finissante et par moments longuette, voilà que refait surface le monstre du bolchevisme, hirsute comme toujours et aux dents encore menaçantes, quoique lestées du fameux couteau. […]
Ainsi, près de vingt-huit ans après la chute du mur de Berlin et vingt-six après l’effondrement de l’Union soviétique et l’implosion de son empire, la peur du rouge fait toujours recette. Un peu comme si, au terme d’une campagne où plusieurs prétendants se targuent d’être les héritiers du général de Gaulle, un parfum de « seventies » et de guerre froide flottait dans les airs. Comme quoi, et comme l’enseigne l’adage, c’est bien dans les vieux pots qu’on fait les meilleures confitures.