Dans une tribune au « Monde », le recteur Dalil Boubakeur estime que les musulmans doivent choisir parmi les candidats qui défendent la fraternité entre les citoyens, et non pas la discorde ni la haine.
Par le présent texte, la Grande Mosquée les rappelle simplement à leur devoir : celui d’aller voter et de défendre par leur vote les valeurs communes humanistes de la République et de l’islam authentique.
Certains dans la communauté musulmane prétendent que la République ne serait pas compatible avec l’islam ; que par conséquent il serait haram [interdit selon l’islam] d’aller voter. Les mêmes adhèrent généralement à une interprétation erronée de l’islam, reposant sur une lecture du texte sélective, partiale, et au premier degré, qui conduit à l’obscurantisme, à la pédanterie ignorante, à la misogynie, au sectarisme, et au refus des valeurs républicaines.
Fort heureusement, ce courant est lourdement minoritaire dans la communauté. Et surtout, il se fourvoie. […]
En particulier, un musulman de France vote pour des candidats qui défendent la véritable laïcité de la loi de 1905 : la stricte neutralité de l’Etat, de l’administration publique et des fonctionnaires envers les religions, et non pas la mise sous tutelle paternaliste d’une religion.
Il vote pour des candidats qui défendent la fraternité entre les citoyens, et non pas la discorde ni la haine. Il vote pour des candidats qui défendent l’égalité des sexes, et non pas la remise en cause des droits des femmes. Il vote pour des candidats qui veulent faire avancer la science, les savoirs, la connaissance, et non pas pour des candidats qui s’en désintéressent. Il vote pour des candidats qui défendent la solidarité, la justice, la bienveillance, et non pas le chacun pour soi, les inégalités, l’intolérance. Ce faisant, il se montre à la fois bon citoyen et bon musulman.
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