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L’éditorial de Béatrice Delvaux, éditorialiste en chef du quotidien belge Le Soir, à la veille du premier tour de l’élection présidentielle en France.

L’absence de Marine Le Pen du second tour serait en tout cas considérée comme une énorme surprise, mais aussi un énorme soulagement dans les camps démocrates occidentaux.

[…] Ce dimanche, les Français n’ont pas que leur sort entre les mains, mais aussi le nôtre, celui de l’Europe, ce projet qui, de l’avis général, ne résisterait pas à un Frexit. Un acteur de très haut niveau de la politique européenne, que nous interrogions cette semaine sur la réaction envisageable en cas d’un deuxième tour Le Pen – Mélenchon – considéré comme l’ascenseur automatique de l’Europe pour l’échafaud –, nous a fait cette réponse cynique : « Se tirer une balle dans la tête?»

La puissance des inquiétudes des voisins de cette France qui a livré le spectacle d’une campagne terrible est aussi intimement liée, et depuis plus longtemps, à la mise en péril de la démocratie. La possible mise sur orbite présidentielle d’une leader d’extrême droite, dont la popularité, la banalisation et donc la crédibilité populaire n’ont fait que croître, est considérée comme le troisième tour du match global opposant les populistes aux démocrates : après le Brexit, après Trump, la France succombera-t-elle à son tour ?

[…] C’est seulement quand on connaîtra le verdict des abstentions et l’identité des deux « élus » qu’on pourra dire provisoirement, dans l’attente du second tour, si cette grande nation universaliste qui ne regarde désormais plus que son nombril, est en révolution, en sécession, en dépression, en perdition ou en voie de rédemption.

Le Soir

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