On ne peut faire plus clair. Au second tour de l’élection présidentielle s’affronteront d’un côté l’économie de marché, l’Europe et l’ouverture au monde; de l’autre la haine du libéralisme, le rabougrissement et le protectionnisme. C’est sans doute à tort qu’on a parlé de « séisme » pour le résultat du premier tour, car les tremblements de terre sont difficiles à prédire, alors que ce combat-là est peut-être le véritable conflit de civilisation français de ces dernières décennies.
[ …] En attendant, la responsabilité qui pèse sur les épaules de Macron est hors du commun. A lui de battre Marine Le Pen largement, c’est une question de prestige pour la France. Pour cela, il serait avisé de ne pas se contenter des incantations habituelles, qui n’ont jamais empêché le FN de grimper, au contraire. Après le 7 mai, s’il est vainqueur, il devra assumer sa part de libéralisme sans rougir et sans la noyer dans d’obscures contorsions. Son ascension est due en grande partie à ses transgressions, donc à son courage. Gare au ramollissement dans le confort élyséen ! « Personne ne survit au fait d’avoir été estimé au-dessus de sa valeur », écrivait Oscar Wilde. Désormais, l’Histoire regarde Emmanuel Macron avec attention.