Pour Sylvain Courage, rédacteur en chef à L’Obs, le refus de Jean-Luc Mélenchon d’exprimer un choix de second tour révèle ainsi la “nature antidémocratique de son projet”.
Où est passé le tribun ? Le rhéteur infatigable ? Le tchatcheur de la campagne électorale ? Il est sans voix, sans mots, comme atteint d’aphasie. “Je ne saurais que dire ni faire à cette heure. Chacun, chacune d’entre vous sait en conscience quel est son devoir, dès lors je m’y range“, a-t-il balbutié, tel un sombre héros shakespearien au soir des résultats.
Blessé dans son orgueil, submergé par sa noire colère et happé par ses démons, Jean-Luc Mélenchon a refusé d’indiquer la moindre préférence entre Emmanuel Macron, le centriste europhile et Marine Le Pen, la populiste xénophobe. Pas de consigne de vote. Débrouillez-vous. Le guide des “insoumis” s’est évanoui, abandonnant ses “gens” dans la nuit démocratique. […]
Son actuel refus de sortir de l’ambiguïté est d’autant plus coupable que Marine Le Pen a entrepris une vaste entreprise de récupération de l’électorat mélenchoniste. La candidate frontiste se présente comme l’alternative à la mondialisation et conspue la “France soumise” de Macron. Pis, son père, tresse des lauriers au tribun Mélenchon qu’il semble considérer comme son héritier… Que répond l’intéressé ? Rien. […]