Dans sa chronique, Françoise Fressoz, éditorialiste au « Monde », estime que quinze ans après la première qualification du FN pour le second tour, un symbole est tombé.
Pour qui a connu l’ambiance qui prévalait en France après le 21 avril 2002 – ces dizaines de milliers de manifestants qui descendaient quotidiennement dans les rues de la capitale et des villes de province pour faire barrage à Jean-Marie Le Pen et rejeter « la politique raciste et xénophobe » du Front national (FN) –, ce qui se passe en ce moment dans le pays est assez déconcertant.
Jeudi 27 avril, environ 2 000 lycéens ont défilé aux cris de « ni Marine, ni Macron, ni patrie, ni patron » pour signifier que le duel du second tour de la présidentielle ne leur convenait pas. Leur « ni ni » revient à mettre sur le même plan le candidat d’En marche ! et celle du Front national, ce qui n’est pas rien.
Même si les protestataires n’étaient pas très nombreux, un symbole est tombé : les jeunes de gauche ne sont plus unanimement mobilisés par la lutte contre l’extrême droite.
Quelques jours plus tôt, c’est Jean-Luc Mélenchon, sept millions de voix au compteur, qui avait créé la stupeur en refusant de donner une consigne de vote pour le second tour. […]
Casser le front républicain c’est aussi banaliser la candidate du Front national, qui multiplie ainsi les clins d’œil aux électeurs mélenchonistes en mettant en exergue tout ce qui les rapproche : le combat contre la mondialisation et les luttes sociales. En une semaine, la dédiabolisation a fait un pas de géant.