Editorial de Renaud Dély, directeur de la rédaction de Marianne.
Sommes-nous devenus fous ? En rassemblant plus de 7,5 millions des voix, l’extrême droite française a battu le 23 avril son record historique dans les urnes. Marine Le Pen s’est qualifiée pour le second tour de l’élection présidentielle sans coup férir. Le Front national est aux portes du pouvoir.
Quinze ans après le 21 avril 2002, le « front républicain » se lézarde, les syndicats se divisent, même l’épiscopat baisse la garde.
Jamais depuis 1965 et la première élection du président de la République au suffrage universel la démocratie française n’a paru aussi fragile et aussi menacée. Ce péril devrait émouvoir. Il n’en est rien. Cette situation devrait mobiliser. Pas davantage. Pis, la campagne du second tour s’est engagée sous les auspices d’un stupéfiant « Macron bashing ». Les mêmes qui reprochent au candidat d’En marche son arrogance pour avoir arrosé trop tôt son élection… répètent qu’il n’y a aucun risque de victoire de Marine Le Pen et qu’ils pourront donc à loisir se disperser le 7 mai vers l’abstention ou le vote blanc. Suicidaire aveuglement. […]
Quinze ans après, sommes-nous devenus fous ? Nous le saurons le 7 mai à 20 heures.