Fdesouche

En cette période d’entre-deux-tours de l’élection présidentielle, Véronique, 45 ans, professeure des écoles en Seine-Saint-Denis depuis 20 ans, dans le Réseau d’aides spécialisées aux élèves en difficultés (RASED), voit s’insinuer la politique dans ses classes.

J’évite tout ce qui est polémique et tout ce qui pourrait s’apparenter à de l’influence, je ne suis pas là pour cela.

Même si certains ne montrent pas l’once d’un intérêt pour la politique, d’autres peuvent avoir des réactions surprenantes. Un collègue m’a raconté que dans sa classe ULIS (Unités localisées pour l’inclusion scolaire) pour enfants handicapés mentaux, des élèves posaient des questions sur Marine Le Pen. Ils étaient plutôt inquiets.

Cette réaction m’évoque celle de ma fille de six ans, qui est en classe de CP. Dimanche, elle a vu Marine Le Pen à la télévision et s’est mise à pleurer. Elle m’a alors confié avoir peur que son papa – camerounais d’origine – soit obligé de repartir dans son pays, si la candidate du Front national devenait présidente.

Tu votes Macron, maman, tu votes Macron !“, m’a-t-elle alors lancé. Puis, elle a ajouté : “Si papa part, on va devenir quoi toutes les deux ? En plus, on n’est pas tout à fait blanches.

Ce genre d’inquiétudes est assez symptomatique du milieu dans lequel je travaille. On a en effet beaucoup d’enfants noirs, arabes ou, quand ils sont blancs, ils sont souvent Russes, Polonais. Ils se demandent donc à quelle sauce ils vont être mangés. Mais, dans d’autres milieux, cela peut être complètement différent. […]

Le Nouvel Obs

Fdesouche sur les réseaux sociaux