À moins de dix jours du second tour de l’élection présidentielle, le Bondy Blog ouvre ses colonnes à Rayan Nezzar, économiste. Né de parents immigrés, il a grandi à Montreuil, ce maître de conférences à Sciences Po Paris a décidé de voter Emmanuel Macron.
Nous vivons une drôle de campagne. Au fil des semaines, la présence du Front national au second tour s’est imposée comme inéluctable. Pire, ses thèmes de campagne, de la sortie de l’Europe à l’immigration zéro, ont été banalisés. Comme si l’élection de Marine Le Pen pouvait finalement constituer un événement ordinaire. […]
J’ai d’abord choisi le projet d’Emmanuel Macron pour ce qu’il ne contient pas. Contrairement à Marine Le Pen, il ne remet pas en cause le principe de laïcité. Il protège la liberté de croire ou de ne pas croire. Mais il n’impose en rien aux individus de dissimuler leur religion ou de l’exclure de l’espace public. Nul besoin d’interdire le voile à l’université, où les individus sont majeurs et autonomes, ou dans l’entreprise, dès lors que les salariés n’exercent pas une mission de service public. Car derrière le masque de la laïcité, le Front national recycle en réalité une rengaine bien connue : expurger du corps national tout ce qui ne rentre pas dans le cadre d’une France “de souche” fantasmée. […]
Le choix de ce second tour est donc un choix de société. Que l’on s’oppose à tel ou tel point du programme d’Emmanuel Macron, que l’on discute sa personnalité ou son parcours, c’est légitime. Mais dans l’élection qui nous attend, il ne s’agit pas de savoir si nous aimons mieux l’un ou l’autre des deux candidats. Il s’agit de décider de l’avenir de notre pays. Alors que les autocrates triomphent partout, après Trump, après le Brexit, quel message allons-nous envoyer au reste du monde ? Quelle histoire allons-nous façonner pour les générations qui nous succéderont ?
Dans ce contexte, et pour ce qui me concerne, enfant de l’immigration et des quartiers populaires, le vote pour Emmanuel Macron s’impose comme une évidence.