Vivant dans l’illégalité, pratiquant leur culte dans la clandestinité, les Marocains convertis au christianisme (principalement protestants baptistes et évangéliques) revendiquent désormais leur droit de vivre leur foi au grand jour, dans une société majoritairement musulmane où la question reste taboue et l’apostasie réprouvée.
Issu d’une famille adepte du soufisme, une tradition ésotérique de l’islam, ce pasteur protestant a embrassé la foi chrétienne en 2004. […] Il a vécu secrètement sa foi jusqu’à il y a un an et demi, quand il diffuse sur internet une vidéo dans laquelle il parle à visage découvert de sa conversion. La réaction est immédiate: “des proches m’ont tourné le dos, j’ai été mis au placard au travail. Mes enfants ont été harcelés à l’école“, déplore-t-il.
Pour vivre leur foi au grand jour, Mustapha, Rachid, et d’autres, regroupés au sein d’une “Coordination nationale”, ont saisi début avril le Conseil national des droits de l’Homme (CNDH) pour demander “la fin de la persécution” contre leur petite communauté.
“Nous revendiquons le droit de choisir des prénoms chrétiens pour nos enfants, de prier dans les églises, d’être inhumés dans des cimetières chrétiens, de nous marier selon notre religion“, énumère Mustapha, également porte-parole de la Coordination. […]
Au Maroc, où l’islam est la religion d’État et le roi Mohammed VI le “commandeur des croyants”, les autorités aiment vanter leur tolérance religieuse qui permet aux chrétiens étrangers et aux juifs d’exercer librement leur religion. Reste que pour les Marocains, considérés automatiquement comme musulmans quand ils ne sont pas de la minorité juive, l’apostasie est désapprouvée par la société et le prosélytisme condamné par la loi.
Si le fait de renoncer à l’islam n’est pas explicitement mentionné dans le code pénal, les convertis risquent la prison s’ils sont soupçonnés d'”ébranler la foi d’un musulman ou de le convertir à une autre religion“. […]