La Conférence des évêques s’est refusée à appeler à voter pour Emmanuel Macron contrairement aux institutions juives, protestantes et musulmanes. Dans son éditorial, Le Monde s’en indigne.
[…] Le trouble des catholiques français a été nourri par les étonnants propos du pape. François avait bousculé son Eglise sur l’accueil des migrants. Il n’avait pas hésité à dénoncer les populismes ou à s’en prendre à la volonté de Donald Trump de construire un mur avec le Mexique. Mais, interrogé dans l’avion qui le ramenait de son voyage en Egypte, le pape a cette fois botté en touche : «Je sais qu’un des candidats est un représentant de la droite forte, a-t-il déclaré, mais l’autre, vraiment, je ne sais pas d’où il vient et c’est pour cela que je ne peux pas donner une opinion tranchée sur la France.» On croyait ce pape, dont les positions « progressistes » en font souvent la cible de la « fachosphère », plus avisé.
Au diapason de la société, l’Eglise de France semble résignée à cette banalisation de l’extrême droite, alors que le danger de voir sa candidate accéder à l’Elysée est beaucoup plus grand qu’en 2002. Selon notre sondage Ipsos Sopra-Steria, 46 % des catholiques (sans grand écart entre pratiquants réguliers ou occasionnels) s’apprêtent à voter pour Mme Le Pen. Face au malaise, le président de la CEF, Mgr Georges Pontier, archevêque de Marseille, a publié un codicille sur son site, mercredi 3 mai. Mais il persiste et signe, rappelant à chaque électeur «ce que notre foi nous invite à prendre en compte». Etre plus précis sur ce rappel, dans la veine de l’adresse de 2016, aurait évité à l’Eglise de commettre une faute morale en se dérobant.