L’élection présidentielle façon «Seigneur des Anneaux». Dimanche, pensons à la France comme à la Terre du Milieu de la Saga de Tolkien. Une lecture de l’actualité politique à la lumière des mythes de notre jeunesse n’est pas forcément réductrice ou simpliste.
L’ombre de Sauron plane sur le second tour.
«Ash nazg durbatulûk, ash nazg gimbatul, ash nazg thrakatulûk, agh burzum-ishi krimpatul»
«Un anneau pour tous les dominer. Un anneau pour les attirer. Un anneau pour les rassembler et les unir dans l’obscurité.» Le Seigneur des anneaux
La bataille qui aura lieu le 7 mai dans les urnes n’opposera pas plus la «droite» à la «gauche» que celle de la Porte Noire qui conclut la trilogie du Seigneur des Anneaux n’a opposé les elfes aux nains ou aux hommes, qu’ils soient de Rohan ou de Gondor. Devant la Porte Noire, la communauté a affronté Sauron, métaphore des forces de la Peur et de la Haine éternellement renaissantes qui cherche à étendre son ombre maléfique sur la Terre du Milieu.
Dimanche, pensons à la France comme à la Terre du Milieu. Et au scrutin comme à un combat dont l’enjeu est son âme et sa survie, et non d’anciennes querelles idéologiques.
La communauté de la République et ses vieilles valeurs – liberté, égalité, fraternité, dont Macron est le porte-étendard – affronte l’incarnation moderne de Sauron, le Front national de Le Pen et ses démons encore plus anciens qui ont pour nom xénophobie, intolérance et repli sur soi.
Vision simpliste et réductrice ? Il faut parfois en revenir aux mythes de notre jeunesse pour informer nos choix. Le manichéisme aide à mettre en lumière les véritables enjeux. Le choix du 7 mai n’est pas entre peste et choléra, comme le prétendent ceux qui se drapent dans leur dignité d’«homme-femme-de-gauche-qui-a-toujours-combattu-le-Front» et prennent la pose «insoumise» en se réfugiant pour contempler la bataille sur l’Aventin de l’abstention ou du vote blanc qui ne peuvent que profiter à Le Pen.
Ne pas nommer les choses clairement, c’est leur permettre d’exercer leur puissance délétère comme le font les trois anneaux maléfiques dans la saga de Tolkien.
Il y a trois raisons impérieuses de voter pour Emmanuel Macron même si, et surtout si, on se prétend «de gauche».
La première est (au risque d’apparaître provocateur) : la mondialisation.
La seconde, que certaines belles âmes désignent avec mépris comme «le grand projet de liberté et de paix éclairées, la technocratie bruxelloise», est l’Union, composante européenne de la mondialisation.
La troisième est l’ouverture de la France au monde, contre la xénophobie nationaliste qui gangrène des peuples à qui on répète à l’envi que les autres (étrangers, réfugiés, colorés, membres de l’«élite cosmopolite» ou du «système») sont la cause de tous les malheurs. […]