La position anti-FN du syndicat Alliance au lendemain du premier tour a suscité une levée de boucliers sur le terrain.
[…] «C’est l’une des seules qui nous soutient», affirme un policier du Val-d’Oise convaincu qu’«une grosse partie des policiers de terrain votent Marine Le Pen». Il justifie : «On devient FN au fur et à mesure des patrouilles. Nous, on voit toutes les cités, les égouts de la France. » «Beaucoup de policiers se sentent désarmés et se tournent vers le FN», veut croire Michel Thooris, élu FN et secrétaire général de France Police. Le syndicat, qui a appelé à « faire barrage » à M. Macron, ne réalise pourtant que de très faibles scores aux élections professionnelles. Mais c’est une donnée à mettre en relation avec la particularité du syndicalisme policier, qui est davantage le reflet d’intérêts corporatistes. […]
L’émoi suscité par le positionnement anti-FN du premier syndicat de gardiens de la paix, Alliance (à droite), montre d’ailleurs que le sujet est loin d’être évident. Le lendemain des résultats du premier tour, l’organisation invitait dans un communiqué «à voter contre la candidate du Front national ». Un choix déjà assumé en 2002 mais qui, cette fois, a suscité une levée de boucliers. «Nous nous désolidarisons totalement de cette prise de position», a, par exemple, écrit à ses membres le bureau d’Alliance dans le Val-d’Oise, le 25 avril. «Le secrétaire général d’Alliance [Jean-Claude Delage] a pris cette décision sans consulter la base», s’est aussi offusqué le bureau du Grand Ouest. Son secrétaire, Maxime Mettot, justifie : «Nous avons reçu des coups de fil de partout. Notre base veut garder une neutralité. » Un autre délégué en région Rhône-Alpes rappelle, lui, que les partis concourant à l’élection sont «légaux, républicains» et «ont le droit d’exister».