Et tout à coup, un concert de klaxon. Des applaudissements. Quelques embrassades, au carrefour toujours effervescent du boulevard Magenta et du boulevard Barbès (XVIIIe). Ici la joie n’a pas l’intensité qu’aurait celle de militants, elle trahit surtout un soulagement. Un grand « Ouf » que dans la rue, dans les brasseries, les petits snacks du quartier, l’on veut partager sans en faire une bannière.
« Moi je me dis quand même que plus de 35 % des gens que je croise tous les jours votent Front National, ça relativise sérieusement le soulagement », lâche avec dépit Rakya, serveuse au Barbès. Devant le café, l’on se veut plus démonstratif. « Le programme économique de Le Pen, sortir de l’Europe tout ça, ce n’était pas possible ! », répète à l’envi Ghanesh, 31 ans, bientôt rejoint par Mathilde, 29 ans, sourire large et l’envie d’embrasser tout le monde. Les deux ne se connaissent pas, mais ils représentent volontiers « ce quartier multiple où les gens savent cohabiter et être tolérants et solidaires, et cela dans le quartier de Paris où il y a plus de problèmes », estime la jeune femme. […]
