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Marine Le Pen a axé sa campagne sur le rejet des immigrés, thème récurrent du Front national. Elle n’a d’ailleurs pas hésité à proposer un moratoire sur l’immigration et une taxation des contrats de travailleurs étrangers. Mais qu’en pensent les premiers concernés ? Comment ont -ils vécu cette campagne anti-immigrés de la candidate du parti d’extrême droite. Témoignages.

“J’ai peur si Marine Le Pen accède au pouvoir et je n’aurais pas d’autre choix que de quitter la France durant tout son quinquennat”. Mamadou Dia, retraité, 75 ans, joues creusées, nous reçoit dans son foyer pour travailleurs immigrés à Aulnay-Sous-Bois ( Seine-Saint-Denis). A l’entrée du foyer, où les résidents se retrouvent pour discuter, des petites tables accueillent pêle-mêle, paquets de cigarette, arachide grillée et cartes de recharge pour téléphones portables. C’est ici, dans le quartier des 3 000, que Mamadou vit depuis 40 ans maintenant. Il est quasiment français, sauf dans les papiers : Mamadou a gardé sa nationalité sénégalaise. Mamadou Diarra, 30 ans, qui travaille dans le bâtiment, n’en finit pas, lui aussi, de s’angoisser devant les discours de Marine Le Pen vis-à-vis des immigrés. “Oui, j’ai peur de cette femme, car si elle est élue présidente, nous serons tous renvoyés dans nos pays d’origine. Nous, moi, on gagne notre vie ici pour satisfaire les besoins de nos familles restées au pays”. Les résidents rencontrés, pour la plupart maliens, tunisiens, sénégalais, partagent tous le souhait de Mamadou : que Marine Le Pen soit éliminée au deuxième tour.

Au pays, les familles s’inquiètent. Les coups de fil de la famille de Bocar, 26 ans, Sénégalais se sont multipliés ces derniers jours. “Je dors de moins en moins bien. Mon père n’a pas cessé de téléphoner à mon oncle et moi ces derniers jours. Il sait que si Marine Le Pen passe, je serais expulsé; je suis venu avec un séjour touristique qui a expiré il y a trois mois, mais je reste travailler ici pour aider ma famille”, explique le jeune homme qui vit, lui, à la Courneuve.

“Les enfants disent “Marine Le Pen n’aime pas les Arabes”

Julie* est institutrice à Nantes en niveau élémentaire en éducation prioritaire. “Les élections occupent beaucoup les conversations des enfants. Ils parlent ouvertement des choix de leurs parents qui leur expliquent que Marine Le Pen n’aime pas les étrangers et qu’ils risquent d’être contraints de partir. Ils ont entre 6 et 9 ans ! Dans la classe d’une de mes collègues de CP, les enfants disent : “Marine Le Pen n’aime pas les Arabes“. […]

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